La gazette de Mamie Cocotte

Les chemins de Compostelle 2019 – Article 2/5

Êtes-vous prêt à partir sur les chemins de Compostelle avec nous ? Voici le début de notre périple.

Lundi 8 juillet 2019. De BEDUER à GREALOU – 7,5 km

Et que vivent les chemins

Après un bon petit déjeuner, nous partons, à 8h 30 de Toulouse. Hélios nous emmène sur le lieu de départ.
En route, à Gréalou, nous laissons dans un frigo du gîte, comme accepté par nos hôtes, la nourriture du soir ainsi que le petit déjeuner et le pique-nique du lendemain. Cette manœuvre nous simplifie bien la logistique en nous évitant de prendre une demi-pension, ou de porter très lourd toute cette nourriture. Par la même occasion, nous laissons aussi la plupart de nos bagages sur nos lits.

Le gîte « La fontaine » est composé de plusieurs et très beaux bâtiments, typiques de la région, en pierre sèche. Notre chambre de plein pied est vaste, avec un lit à chacun des 4 angles. Elle nous permet une bonne organisation. Un petit escalier en bois mène aux sanitaires, sous le toit, à l’étage.

A Béduer, sur notre lieu de départ, Axel s’aperçoit que nous avons oublié sa casquette à la maison. Il prend la mienne et Hélios me laisse la sienne. Il est 11h, nous commençons le chemin, en nous assurant auprès des habitants que nous allons bien dans la bonne direction. ULTREIA ! Nous voilà partis.

J’ai désigné Clément : mon bras droit. Il se définit : « Guide organisateur et sécurité ». Axel se déclare mon bras gauche : « Repérage du chemin ». Louise choisit d’être : « Détectrice des animaux ».

Les garçons que j’appelle encore mes poussins, tiennent à changer la règle, jusque-là en vigueur qui était de boire à la gourde, du plus jeune au plus âgé, afin de réduire le poids à porter des plus faibles. Désormais, nous buvons tous, d’abord à la gourde de Louise, puis à la mienne, avant celles d’Axel et de Clément qui veulent porter lourd pour développer leur masse musculaire. Ainsi, ils défilent tous devant moi, pour téter à mon camelbak.

Le repas de midi, sur l’herbe, est copieux et Louise, qui la veille ne voulait pas goûter les légumes, aujourd’hui se régale de la « salade de la forêt de Lente ». La magie des chemins commence à opérer !

Nous parlons de Jade, qui est aussi sur les chemins de Compostelle. Elle est partie de chez elle, en Isère, le 21 mai, elle est en Espagne. L’an dernier elle faisait partie de la troupe, avec Naïs.

Aussi Axel dit : « mais pourquoi elle nous a pas attendue ? »

Clément parle de faire le chemin en vélo, lorsqu’il sera adulte.

Arrivés au gîte, nous allons à la douche. Ces trois loustics sont très bruyants, et les pèlerins de la chambre voisine viennent nous dire que la cloison étant très fine, ils entendent comme s’ils étaient chez nous. Nous baissons donc de plusieurs tons !

Puis vient la lessive que je supervise l’un après l’autre. Il faut rappeler quelques fondamentaux en particulier au sujet de l’essorage : Clément a tendance à secouer son linge et ainsi éclabousser tout l’entourage, alors qu’il est plus efficace de le tordre. Ah oui ! il ne se souvenait plus !

Nathalie, notre hôte, nous emmène voir un agneau qui est né la veille. Les enfants sont ravis. Il y a aussi des poules.

Elle nous prête des boules de pétanque, ainsi qu’un jeu de société, que Clément et Axel connaissent déjà, sur « les chemins de Compostelle ».

Ils passent surtout beaucoup de temps à se balancer mutuellement dans les hamacs suspendus aux arbres. Ils y mettent toute leur énergie qu’il faut régulièrement calmer !

Mon téléphone portable, « bricolé » par les enfants, me réclame le code PUK et j’appelle Hélios pour me dépanner. L’accès à celui-ci est désormais interdit !

Ça commence fort !!!

Mardi 9 juillet 2019 de GREALOU à CAJARC – 10,5 km

Nous nous réveillons tôt, « grâce » au plancher qui grince sous les pieds des voisins du dessus.

Ce qui nous permet de commencer à marcher à 7h ½.

Comme tous souhaitent déjeuner en chemin, chacun porte de la nourriture et en est fier.

Louise : les biscuits, Axel : les chocolatines, Clément le litre de lait et moi : le repas de midi.

En route, nous rencontrons un dolmen, une belle truie, un troupeau de moutons, de chèvres…

A une pause, les enfants jouent à la balle et Louise tombe en se râpant un peu les mains et la jambe. Je procède à la désinfection. Je lui propose quelques raisins secs qui viennent adoucir la douleur, apparemment très violente.

En route, nous chantons ensemble avec plaisir les grands classiques du chemin et en particulier ULTREIA :

« Tous les matins nous prenons le chemin
Tous les matins nous allons plus loin
Jour après jour, la route nous appelle
C’est la voie de Compostelle … »

S’en suivent les chants que chacun a appris à l’école…

Nous arrivons à 13h au gite communal de Cajarc. Philippe, qui s’occupe du gîte m’avait donné le code pour entrer lorsque j’avais réservé. Aussi, nous nous installons dans une chambre de 4 avec 2 lits superposés. Bien sûr, ils veulent tous les trois dormir en hauteur. Alors, ils « plombinent » pour choisir les heureux élus.

Nous faisons notre lessive avant de nous rendre à la piscine. Le ciel est couvert de gros nuages noirs, aussi il y a très peu de monde. Nous jouons longtemps tous les 4 dans le petit bassin, pour éviter la bouée à Louise, désagréable à porter.

Par équipe de 2, nous nous lançons un anneau. Nous sommes tous « à fond » mais il faut reconnaitre que l’équipe Clément-Louise est nettement plus forte.
Au retour, avec Clément, nous allons faire les courses pour le soir, le petit déjeuner et le piquenique du lendemain. Axel et Louise jouent « aux animaux » dans la chambre.

Pour le goûter, nous mangeons une glace, très appréciée de tous, par ce temps lourd et orageux. Il se met à pleuvoir très fort. Nous sommes à l’abri.

Au gîte, nous discutons avec Denis, 60 ans, qui marche 6 mois de l’année et l’hiver, entretient les gîtes bénévolement contre un bol de soupe et un endroit pour dormir. Aussi il n’a pas de domicile fixe, il a parcouru 20 000 km à pied, et nous montre ses 8 crédentials !

Alors qu’il paye le gîte, il apprend à Clément comment rendre la monnaie. Philippe nous raconte l’histoire d’un chevreuil qui a attaqué, par 2 fois, des personnes. Il aurait mangé des baies hallucinogènes qui l’auraient mis dans cet état. Une battue a été organisée pour le neutraliser.

Je prépare le repas : soupe gaspacho, pâtes sauce bolognaise. Nous partageons le reste de pâtes, contre de l’aligot pour les enfants, avec d’autres pèlerins.
Puis il faut débarrasser la table, faire la vaisselle, essuyer, ranger… je me fâche contre Louise qui répond : « J’ai pas envie » aux services demandés. Elle n’a pas compris que je n’étais pas en train de lui demander si elle avait envie ! Clément prend le relai et assure bien.

Nous donnons des nouvelles aux parents, à Hélios. Les garçons ont les yeux qui brillent lorsqu’ils parlent de leur petite soeur.

Mercredi 10 juillet 2019 de Cajarc à St Jean de Laur – 9 km

Je me réveille tôt, par le bruit des pèlerins qui se préparent. Il a beaucoup plu la veille et il fait frais. Nous décidons de déjeuner avant de partir car le terrain sera mouillé. Des pèlerins ont laissé des biscuits avec le nom des enfants sur un petit papier. Merci à eux pour ces attentions.

A 7h 30, nous sommes à l’ouverture devant la boulangerie pour avoir du pain à midi + des viennoiseries pour se faire plaisir tout de suite.

Philippe, qui aide à l’installation du marché sur la place, nous confirme la bonne direction. Je m’aperçois en chemin que j’ai oublié la casquette d’Hélios. Je téléphone à Philippe. Il la fera transporter par d’autres pèlerin à Limogne. Pourtant, comme chaque matin, nous regardons bien partout, sous les lits…si nous n’avons rien oublié. Sauf qu’elle était accrochée en hauteur ! Nous n’emportons que le strict minimum, aussi tout est nécessaire.

L’étape est presque trop courte. De plus, un habitant nous a indiqué un raccourci que nous avons suivi et qui nous a fait gagner 1km.

Nous faisons une grande pause, mangeons à 11h car les estomacs réclament. Au menu : des sardines, du pâté, du fromage avec un excellent pain et des biscuits. Le gîte est agréable et calme. 7 autres femmes occupent le dortoir avec nous. Il semble y avoir plus de femmes que d’hommes qui marchent sur ces chemins.

Le soir, les propriétaires du gîte viennent nous offrir l’apéritif et les échanges sont très animés et agréables, à l’ombre, dans cette belle nature.

Nous pouvons acheter quelques produits pour se nourrir. Alors ce soir : tomates et oeufs, cassoulet, pain, chocolat, yaourts. La nourriture s’échange aussi entre  pèlerins, l’ambiance est très conviviale.

Voulez-vous continuer l’aventure avec nous ? Vous recevrez la suite de l’aventure la semaine prochaine !