Chers lecteurs 

Il m’est important de publier cet article, qui vient apporter un nouvel éclairage à l’édition de mon livre : « Qui déprime à la place de Qui ? Autobiographie d’un quotidien pervers narcissique (Editions Héliospsy)», accessible en numérique sur le blog www.heliospsy.com et qui peut aider – je l’espère, des personnes ayant traversé une épreuve semblable.

Après une anémie sujette à des saignements gastriques, je viens d’être traité pour un ulcère à l’estomac, lié à la présence d’une bactérie, l’helicobacter pylori.

Le 6 juin 2017, je rentre en clinique pour une gastroscopie et coloscopie. En salle de réveil, quand j’apprends la détection d’un ulcère, je jubile : j’ai enfin ma réponse sur toutes ces années de galère, dans le regard qui m’est porté au sujet de mes déprimes.

Je viens de réaliser qu’- Au cœur du diagnostic de ma dépression en 1970, j’avais contracté un ULCÈRE, que personne n’avait pu, ou su détecter (l’Helicobacter pylori a été découvert en 1983). Je présentais à l’époque les mêmes symptômes : fatigue provoquée par une anémie due aux saignements gastriques, douleur intense au niveau du haut de l’estomac.
Et quand on est ulcéré, ce sont des stress, des colères rentrées, qui accumulés facilitent le développement de cette bactérie devenue à la mode.

Après un traitement drastique pour l’éradiquer, me voilà entièrement guéri sur le plan physiologique. Mais le plus important est de me sentir –ENFIN, totalement réhabilité sur le plan psychologique, et pour cause.

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1 – Un matin d’avril 1970, je suis interné dans une clinique Toulousaine par Hélène S., médecin psychiatre. La veille au soir face à elle, un traumatisme refoulé depuis ma puberté émerge. Je lui raconte ma première expérience sexuelle. J’ai 12 ans, le plaisir de la découverte, mon immersion dans « le secret  sexuel, tabou des adultes » – que je trouve injuste et contre nature, avec la peur coupable d’être démasqué, pour avoir transgressé !

Parler me libère : « Vous avez un problème d’identification sexuelle, me dit-elle, aujourd’hui vous avez besoin de repos, vous allez faire une cure de sommeil ». Elle me rassure, je me laisse guider en confiance. Je saurais plus tard qu’elle avait annoté : bouffée délirante aiguë.

Sorti de la cure, dopé aux antidépresseurs, anxiolytiques, et neuroleptiques, épuisé, je me traîne à côté de moi-même. Souffrant d’une violente douleur au plexus solaire, je lutte désespérément face à des souvenirs d’enfance et d’adolescence qui remontent. Un fort besoin d’entamer une psychanalyse s’impose. Je réclame à cor et à cri le psychanalyste de la clinique, car je sais qu’un psychiatre versé dans ce domaine y exerce. Je l’avais eu comme prof à la fac sur cette unité de valeur.

Un après-midi, il déboule dans ma chambre. En moins d’une minute, il me traite comme un moins que rien – pour rester poli, hurlant que je lui fais perdre son temps. Qu’il faut que je me fasse soigner avant de prétendre à une psychanalyse. Effondré, incompris, j’erre comme une âme en peine, le visage torturé par la souffrance : j’affiche dès lors, le tableau clinique d’une mélancolie sérieuse, inquiétante.

En pleine désespérance, je demande au milieu médical une lobotomie (section d’un nerf au cerveau) pour arrêter ces douleurs insupportables. Dans leur regard d’incompréhension, je comprends vite que j’aggrave mon cas. Dans la foulée et en réponse au classique diagnostic de PMD – Psychose Maniaco Dépressive, je subis une série d’électrochocs. Les réveils sont particulièrement douloureux et insupportables (violents maux de tête, fatigue extrême, nausées psychiques….).

Pour ne plus souffrir le suicide m’obsède. Je manque de courage pour le passage à l’acte : sauter dans le vide.

A partir de là n’ayant plus mon libre-arbitre, pour ma famille, mes amis, mes proches, je SUIS malade mental et deux fois plutôt qu’une. Cela se voit sur mon visage transfiguré par la douleur. Je prends un traitement à base de lithium – matin, midi et soir, avec un contrôle sanguin tous les deux mois environ ; et ce, pendant 4 ans après mon deuxième épisode. Dans mon livre : Qui déprime à la place de Qui ? j’ai annoté ceci :

« Oui, j’ai connu deux épisodes psy. Le premier ….. au moment où j’aurais dû valider un parcours universitaire en psychologie. Le deuxième deux ans après. Jusque-là, ça ne pouvait arriver qu’aux autres. Longtemps, j’ai traîné ce grand complexe d’avoir été un « fou ». Aussi, je n’ai eu de cesse de comprendre pourquoi cela m’était apparu, deux fois plutôt qu’une ».

2 – Fin octobre 2016, je suis remis en question par un proche, qui me reproche toujours et encore d’être un délirant, de par mes publications sur le blog. Je constate que le regard sur le malade mental à la dent dure. Et comme par hasard, réapparaissent ces douleurs contractées au cours de mes dépressions, me rappelant ces souvenirs traumatisants.

En cure thermale cette fois, je travaille ces psychosomatisations. Remonte à la surface une flopée de situations vécues dans les années 70, nommées le retour du refoulé. Les douleurs s’intensifiant, en désespoir de cause, je consulte mon médecin homéopathe qui me prescrit des analyses auprès d’un gastro entérologue.

D’où le titre de cet article – Au cœur du diagnostic de ma dépression, un ulcère.

Si j’en tire un enseignement, je remarque que les diagnostics de l’époque « Bouffée délirante aigüe » « Psychose Maniaco Dépressive » « Bipolarité »:

– relevaient plus d’un accompagnement en psychanalyse, que de la psychiatrie ;

– que sous l’effet des médicaments, et du traitement infligé qui s’impose à vous, ayant perdu votre libre arbitre, vous êtes sujet à des comportements nouveaux – de sur adaptation à l’environnement ;

– que ces comportements sont identifiés comme étant des phases PMD (bipolarité aujourd’hui), alors qu’ils sous-tendent des sentiments mêlés de tristesse, de peur, de colère, de frustrations, de culpabilité, de honte, de blessures (trahison, rejet, abandon, humiliation, injustice) ;

 – que dans la phase dite « mélancolique » de ma dépression (fatigabilité, épuisement, douleurs qui me transfiguraient), elle relevait tout simplement d’une anémie consécutive aux saignements provoqués par l’ulcère.

 

3 – Anecdote – En 1976, j’entame une psychanalyse auprès d’un psychiatre parisien le Docteur R…, qui continue à me prescrire le carbonate de lithium, à devoir prendre (sous peine d’être fragilisé), matin, midi et soir. Peu de temps après, quelle ne fut ma surprise de constater dans le dictionnaire médical le Vidal, que le dosage des analyses de sang effectué tous les 2 mois environ, indiquaient un seuil en dessous des effets attendus, et ce depuis 4 ans (1972, 2ème dépression).

En séance je m’en ouvre au psy :

– « J’attendais me dit-il que vous le réalisiez par vous-même !!!! »
– « Puisque c’est sans effet, j’arrête ! »
– « Surtout pas !!! s’empressa-t-il de me dire ?! »

Imaginez mon incompréhension, et ma surprise. Je décide donc par moi-même, de ne plus jamais en prendre.
J’ai quand même travaillé 4 ans à ses côtés, à raison d’une séance par semaine. Cela m’étonne encore ce jour – sur le pourquoi ? Mais le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas…..

4 – Et pour conclure, voici un « extrait du livre de Jacques Martel – Le grand dictionnaire des malaises et des maladies »

« Un ulcère m’amènera à prendre conscience que je vis de grandes frayeurs et de l’insécurité. Il m’indique qu’un stress intense m’habite et que je me sens rongé, dérangé, dévoré. Tout cela me brûle de l’intérieur. L’ulcère est le résultat du feu de la révolte, de la rancœur et d’un violent ressentiment.

Mon agressivité refoulée m’amène à rencontrer des personnes qui vivent la même situation. Des ulcères à l’estomac démontrent qu’il y a quelque chose que je digère mal. Je veux m’enfuir, me sortir d’une situation. Mon anxiété m’amène à porter un masque pour être accepté des autres et ainsi retrouver une certaine sécurité. En retrouvant la paix intérieure, l’ulcère n’a plus sa raison d’être »

 

« Rencontrer des personnes qui vivent la même situation, …… porter un masque pour être accepté », jusqu’à mettre en scène dans un quotidien pervers narcissique des malaises et/ou des maladies, engendrés par des jeux psychologiques de Persécuteur/Sauveur/Victime),  : objet et sujet d’un questionnement existentiel – sur : « Qui déprime à la place de Qui ? »

Elie SERRATS