LE JOURNAL DE COLETTE

4 – LE PÉROU

2ème partie de Lima à Puno (Lac Titicaca)

Après la 1ère partie de notre voyage au Pérou (voir l’article), nous prenons l’avion pour aller de Lima, niveau de la mer à Cusco 3400 m. Nous en avons le souffle coupé !

Cusco (ou Cuzco), “Nombril du monde” en quechua, ville de la cordillère des Andes, ancienne capitale de l’empire Inca est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

Elle est aujourd’hui connue pour ses vestiges archéologiques et son architecture coloniale hispanique. Les rues sont très étroites, les trottoirs encore plus. Aussi lorsqu’un véhicule passe, il faut se plaquer contre le mur.

Nous allons flâner en ville. La place d’armes en est le centre historique. Elle est bordée par la cathédrale, une église, ainsi que des maisons coloniales aux balcons en bois sculptés, un délice pour les yeux.

Il y a beaucoup de monde dans les rues, des marchés, una protesta (et oui, ici aussi on n’est pas toujours d’accord !), le mercado san Pedro est très animé aussi.

Nous voyons des murs formés de pierres toutes différentes les unes des autres, qui s’emboîtent si bien qu’il est impossible d’y glisser une aiguille. Cette technique de maçonnerie utilisée il y a plus de 700 ans n’utilise pas de ciment mais des tailles complexes pour faire en sorte que les pierres forment des joints parfaits. Les ingénieurs de l’époque ont imbriqués les pierres de cette manière pour obtenir une meilleure stabilité et résister aux tremblements de terre. Défi réussi, plusieurs siècles plus tard, les blocs de pierre sont toujours là !

Nous avons décidé de passer par un tour opérator pour la visite du Machu Picchu, pour nous simplifier la vie. Mal nous en a pris, nous sommes bien plus opérationnels seuls !

Nous attendons le minibus durant 1h 1/2

Naïvement, je pensais que, de Cusco 3400 m, au Machu Picchu 2 400 m, nous allions descendre tranquillement. Pas-du-tout. C’était sans compter que la destination est à 130 km de Cusco et que nous passons par un col à 4 300 m avec des glaciers non loin de nous. Magnifique.

Mais notre bus de 14 passagers, présente des signes de faiblesse et notre chauffeur descend en roue libre. Sauf que la géographie du terrain ne le permet pas toujours. Aussi, nous descendons à plusieurs reprises pour pousser le véhicule et nous dépêchons de remonter tous, avant qu’il ne prenne trop de vitesse ! (ci-joint la photo de l’équipe : 3 Japonais, 1 papy et son petit-fils, 1 argentin….+ 2 Français)

Torrent en cru

Nous attendons ensuite plusieurs heures un bus de remplacement.

De nombreux torrents, plus ou moins importants, traversent la route.

Nous arrivons devant un pont pas encore terminé, pour remplacer celui, d’à côté, qui s’est effondré. Alors le chauffeur nous demande de descendre. Nous traversons sur un petit pont de bois. Quant aux véhicules, ils traversent carrément le lit du torrent en cru, que des bulldozers tentent  inlassablement de rendre carrossable. HA-llu-ci-nant !

Nous devions arriver à 15h, nous arrivons à 19h.

Mais le périple n’est pas terminé. Il n’y a plus de route pour nous rendre à Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu. Il n’y a qu’un train, qui n’est plus en service à cette heure. Il faut marcher sur les 10 km restant. Il fait nuit. Nous avons de la chance : il ne pleut plus et nous avons un repère fiable : la voie ferrée, que nous suivons consciencieusement à l’aide de nos torches électrique. Tout de même, le ballast n’est pas le terrain le plus agréable pour cheminer. D’autant plus qu’en surplombant les torrents en crus, il faut faire attention de ne pas glisser entre les poutres et prendre un bain de nuit !!!

Lorsque nous arrivons, vers 21h 45, nous cherchons l’hôtel retenu par l’agence, dont nous avons juste le nom.

Nous demandons à un policier, qui nous dit : “Suivez-moi !”.

Et il nous emmène devant notre hôtel ! MERCI.

Jeudi 14 février 19    Saint Valentin    Macchu  Picchu

Nous ne l’avons pas calculé, pourtant, comme nous le pensons : il n’y a pas de hasard.

Cependant la journée commence tôt et mal. A 5h du matin, nous découvrons que nos billets pour le Machu Picchu qui devraient être à notre hôtel,  n’y sont pas. Je ne rentrerais pas dans les détails ennuyeux, pour nous sortir de cette fâcheuse situation. Bref, nous commençons la journée avec beaucoup de stress.

Nous voici au Machu Picchu, et trouvons notre guide. Et là, la merveilleuse journée commence.

Nous avons encore de la chance : le soleil vient dissiper les nuages et brille sur la citadelle Inca.

La ville sacrée oubliée durant des siècles, grande œuvre de l’architecture Inca (1438-1534), est l’une des 7 merveilles du monde.

Après les explications du guide, nous avons le plaisir de déambuler à notre rythme, dans ce fabuleux site archéologique.

Les visites sont réservées par ½ journée. A midi, nous mangeons au mercado et prenons cette fois le train pour retourner à notre départ de bus. Le retour se fait sans encombre et même que le pont était terminé et que nous n’avons pas eu besoin de passer dans le torrent !

Pourtant nous le savions : la montagne, ça se mérite !

Après Cusco, nous traversons une partie de l’Altiplano qui s’étend sur quatre pays, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou et le Chili : cette vaste plaine d’altitude située sur la Cordillères des Andes est la plus haute région du monde habitée après le Tibet et nos yeux se perdent dans cette immensité. Cette plaine comporte aussi de belles crêtes montagneuses. Il y a beaucoup d’eau : lacs, rivières, mares…De très beaux paysages, sauvages, avec de l’élevage : vaches, moutons, lamas….

Un pneu du bus éclate en cours de route et le changement s’opère en 45 mn. Une petite pause pour nous.

Nous sommes à Puno, à 3 800m, une ville située dans le sud du Pérou, au bord du lac Titicaca, l’un des plus grands lacs d’Amérique du Sud et le plan d’eau navigable le plus haut du monde.

C’est la capitale folklorique du Pérou en raison de ses festivals traditionnels où la musique et la danse sont très présentes. Malheureusement, nous n’en profiterons pas , elles ont eu lieu en début de mois.

Le condor veille sur Puno

Nous visitons la cathédrale et en sortant, nous voyons une marche funèbre arriver.

Le cercueil est suivi par la famille et une petite harmonie, composée de plusieurs flûtes de pan, cuivres, tambour.

A l’intérieur de l’église, durant la cérémonie le cercueil est ouvert. Le défunt est à la vue de tous, et des personnes le prennent en photo.

Le condor domine Puno et le lac Titicaca

Les indigènes sur l’ile flottante d’Uros au large de Puno

Moyennant finance, nous avons la possibilité de loger dans une famille sur l’ile de Taquilé, sur le lac Titicaca (qui signifie puma de pierre en Quechua)

Ainsi, Celso : 37 ans, Juana : 36 ans, et leur fils Wilfriedo : 13 ans, nous reçoivent dans leur maison très simple. Il n’y a pas d’électricité sur l’ile, mais une captation solaire pour l’eau chaude et l’éclairage.

Nous sommes à 4 000m d’altitude, avec une température entre 5 et 10 degré la nuit. Il n’y a pas de chauffage mais 4 grosses couvertures de laine qui pèsent « comme un lama mort » !!!

Tous sont passionnés de tissage. Les femmes filent, les hommes tissent et tricotent. Ils vendent leur production aux touristes.

L’équilibre entre l’offre et la demande est gérée par la communauté : les prix, les quantités autorisées à fabriquer par chaque famille…

Entre eux, ils parlent le Quechua. Ils ont aussi appris l’espagnol à l’école. Il y a une école primaire et un collège, comptant chacun plus de 100 élèves. Ceux qui habitent loin, les petits de moins de 5 ans, arrivent parfois à midi à l’école parce qu’ils se sont amusés en route !

Celso, Juana, Wilfriedo

Ils sont tous habillés en costume traditionnel, très beaux. Ils restent entre eux, se marient entre eux.

Quand un couple est amoureux, ils l’annoncent à leur parent. Les fiançailles durent 2 ans. La 1ère année, la fille doit aller chez le garçon, la 2ème année c’est le garçon qui va chez la fille. Il leur faut avant tout prouver que ce sont de bons travailleurs. Le mariage dure 1 semaine, toute l’ile y participe, ils sont tous invités, et il faut compter environ 50 moutons pour nourrir tout le monde.

Le divorce est interdit, plus par les rites Quechua que par la religion catholique. Leurs croyances sont un mélange des deux.

Lorsqu’il y a des conflits, un juge est consulté. Il s’agit le plus souvent de limites de terrain et l’on fait appel aux souvenirs des anciens pour régler le litige. La prison n’existe pas.

C’est le dernier enfant de la famille qui s’occupe des parents âgés et reçoit leur maison en plus dans l’héritage.

Toute l’agriculture est en terrasse. Ils n’utilisent pas de machines agricoles ni d’animaux pour travailler. Ils portent tout eux-mêmes sur leur dos.

Nous prenons tous les repas avec eux, ils sont délicieux et surtout ils nous permettent d’échanger sur nos façons de vivre.

Celso nous a dessiné un plan de l’ile pour nous permettre de nous promener et de nous retrouver. Bien sûr, il n’y a aucun véhicule à moteur. Tout respire le calme et la sérénité, la vie paisible, avec comme seuls sons, le chant des oiseaux et le bêlement des moutons.

Chaque matin et après-midi de ces 3 jours, avec beaucoup de plaisir nous parcourons l’ile en long, en large et en travers.

Celso

Juana

De retour à Puno pour y passer notre dernière journée au Pérou, nous partons demain matin en bus pour La Paz en Bolivie : la capitale la plus haute du monde : 3 640 m installée sur le plateau de l’altiplano dans les Andes.