LE JOURNAL DE COLETTE

3 – LE PÉROU

1ère partie : de Piura à Lima

Après notre séjour en Équateur (voir l’article), le 7 janvier à 21h, nous prenons le bus pour Piura, au nord du Pérou. Nous changeons de pays dans la nuit à 1h du matin, plus facile qu’à l’entrée à la douane. Il fait chaud.

Nous arrivons à 6h 45. Nous trouvons la ville de Piura très sale. On dirait que les éboueurs sont en grève depuis 1 mois ! Et avec la chaleur, les odeurs vont avec ! Voici notre première impression du Pérou.

A Tarapoto le 6 janvier

nous voici dans la forêt Amazonienne.

Partis de Piura à 18h, nous arrivons à Tarapoto à 10h du matin, après 16 heures de bus. Ainsi nous avons passons 2 nuits à rouler depuis Cuenca en Équateur.

Du 10 au 19 janvier, nous allons faire une retraite/diète, en isolement dans la forêt amazonienne (nous ne serons même pas en couple), dans une simple cabane (“tambo”) située au sein d’une réserve botanique ; avec ingestion ritualisée de “plantes maitresses”, un certain régime alimentaire rigoureux, et des normes très strictes de conduite corporelle et psychique. Entre autres, nous n’aurons pas droit à l’ordinateur, au portable…

Le but de la diète consiste en un profond nettoyage physique, psychique et spirituel à partir d’un nettoiement énergétique profond suscité par les plantes ingérées et le contexte de préparation, d’accompagnement et de suivi. C’est d’un voyage intérieur qu’il s’agit là.

Nous aurons 2 jours de préparation, du 8 au 10 et 2 jours de récupération, du 19 au 21 janvier.

La folle course des moto-taxis

Tarapoto :  aucun transport en commun dans cette ville. Ceux-ci sont assurés en moto taxis. Ainsi 15 000 pétrolettes pétaradent de partout. C’est très bruyant et rigolo, (à condition de n’être que de passage).

En 1er plan la maman de Sheila

Luis berce son petit enfant

Sheila et son aîné à la cascade à Ahuashiyacu

Nous logeons dans une famille que nous avait recommandé un ami.

Sheila et Luis ont 2 enfants. La maman de Sheila vit avec eux et s’occupe de la cuisine, des enfants, pendant que sa fille travaille comme infirmière à l’hôpital.

Luis, ingénieur en bâtiment, transforme leur logement en futur hôtel pendant ses « heures libres ». Leur projet est audacieux.

Il est très intéressé par la politique mondiale et mieux au courant que nous des évènements « gilets jaunes » en France. Il nous prédit qu’à notre retour, nous n’aurons qu’une envie : revenir nous installer au Pérou !

Avec Sheila et son fils ainé, nous partons en excursion, en taxi, jusqu’au pied d’une belle cascade.

LA DIÈTE au Centre Takiwasi de Tarapoto

Au retour, nous allons au Centre Takiwasi où commencent les exposés sur la préparation de notre diète. Il s’agit de l’ingestion d’un breuvage qui va nous purger dans les jours à venir et ainsi nettoyer nos intestins. Avant la semaine de retraite/diète, du 10 au 19 janvier, nous avons 2 jours de préparation, du 8 au 10 et nous aurons 2 jours de récupération, du 19 au 21 janvier.

Le lendemain le groupe de jeûneur est à nouveau réuni autour d’un rituel pour ingurgiter 4 litres d’eau qui doivent provoquer des vomissements et encore nous nettoyer, nous assainir physiquement et psychiquement.

Sauf que nous ne sommes pas tous aussi prompt à vomir les uns que les autres. Là encore, nous sommes tous différents. Les récalcitrants recevront des plantes pour les y aider.

En ce qui me concerne, ce fut long et donc difficile à supporter. De plus, je n’ai pas tout évacué, aussi le retour en moto taxi, d’habitude si plaisant, est devenu très inconfortable à chaque secousse. Et la nuit qui a suivi, j’ai dû aller uriner au moins 10 fois !

Nous sommes un groupe de 13 personnes, auquel se sont joint 5 autres, qui sont là pour 9 mois, en soins contre les dépendances à l’alcool ou aux drogues.

Avant de commencer, nous avons rencontré un psychologue.

Chacun part avec une intention de travail sur soi qui lui est propre.

En préparation à cette diète, nous avons pris des plantes qui nous ont purgés, d’autres qui nous ont fait vomir, pour nettoyer non seulement le corps mais aussi le mental.

Au cours d’un rituel, nous avons ingéré des plantes dites Maitresses, car elles ont les propriétés de nous apprendre (alors que les plantes curatives ont les propriétés de soigner).

Les plantes, choisies selon la personnalité et l’intention de chacun, aident soit à s’ancrer, soit à se recentrer, à retrouver des mémoires enfouies, à apporter une clarté mentale, à s’affirmer…

La veille au soir de notre isolement en forêt, de 21h à 3 heure du matin, nous avons participé à une session ritualisée d’ingestion d’une plante maîtresse : l’ayahuasca.

Elle est une plante psychoactive qui est utilisée depuis des temps immémoriaux par les tribus d’Amazonie. Elle fait partie de la médecine traditionnelle amazonienne et est considérée aussi comme une plante qui enseigne.

Les recherches scientifiques les plus récentes démontrent que l’ayahuasca n’est ni addictive ni toxique. Elle aurait même des propriétés curatives, notamment sur la dépression. Néanmoins, son utilisation pose encore des problèmes légaux dans de nombreux pays qui l’assimilent à une drogue.

A condition d’être utilisée dans un cadre adéquat, la plante peut apporter plusieurs bénéfices. Tout d’abord être utilisée dans le cadre d’une thérapie pour faire remonter le matériel inconscient ; ensuite dans le développement psycho-spirituel.

Ayahuasca

Nous partons en forêt Amazonienne, avec un sac à dos pour la semaine. Nous traversons par 3 fois un torrent, avec de l’eau parfois jusqu’aux hanches, en luttant pour ne pas se faire emporter par le courant, en nous aidant les uns, les autres. C’est la saison des pluies !!!

Nous partons sans montre, sans papier d’identité, sans argent, sans médicaments, dentifrice ou quelconque produit. Uniquement le savon donné, de leur préparation. Cela pour ne pas interférer avec les énergies des plantes.

Enfin, nous nous retrouvons seuls dans notre « tambo », cabane isolée, mignonne, sans porte et fenêtre, grande ouverte sur la forêt. Il est équipé d’un lit 80 cm / 190 cm et d’un hamac, les deux avec moustiquaire, une bouteille d’eau, une écuelle et une cuillère, un rouleau de papier toilette, un seau et un  broc, un sifflet pour appeler en cas d’extrême urgence.

A l’extérieur : devant le tambo, une chaise en bois rivée au sol, et derrière la cabane un trou dans la terre nous sert de WC.

Nous descendons une fois par jour nous laver au torrent.

Si nous rencontrons un collègue, nous nous ignorons.

Los maestros curanderos (les maitres soigneurs) passent 3 fois par jour, et nous délivrent le jus de plante qui nous correspond. Je l’avale d’une traite, sans réfléchir au goût, et bois vite un peu d’eau derrière !

On nous propose en milieu de journée du riz blanc, non salé  (le sel protège la personne des énergies de l’extérieur), avec un peu de son et une banane d’une variété non sucrée (le sucre bloque les émotions) qui s’apparente plus au goût de la pomme de terre.

Le soir, on nous propose cette même sorte de banane et le riz blanc avec un peu de son.

Pour ma part, je mange en très petite quantité et je n’ai pas faim. Ces repas me servent plutôt de repère pour rythmer la journée.

Et ainsi, nous laissons venir toutes les idées, impressions, ressentis, émotions, souvenirs, réflexions, visions…qui se présentent et que nous pouvons écrire ou dessiner…

Le temps passe sans ennui.

La forêt foisonne de vie, de bruit d’insectes et d’oiseaux. C’est magique. On se croirait au paradis. Sauf que les moustiques foisonnent aussi, et qu’il est impossible de s’en protéger hors moustiquaire !

Un psy passe 2 fois dans la semaine. Nous le rencontrons, une dernière fois pour faire le point, après la fin de la semaine de diète.

Nous respectons tous les protocoles, afin de ne pas risquer d’interférer sur le processus des soins.

Coucou les amis.

Ce message pour vous dire que nous sommes  sortis « initiés » de la diète en forêt amazonienne.

Nous sommes toujours vivants, sveltes, les moustiques n’ont pas réussi à nous dévorer entièrement, ni les bêtes, ni les serpents…..

Les plantes continuent leurs effets durant des mois et nous recevons des recommandations quant à l’alimentation.

De même les relations sexuelles en couple, ou seuls, sont interdites car elles pompent trop d’énergie.

Cette semaine d’introspection a été très riche pour nous deux. Elle correspond à des années d’analyse et/ou valide nos propres recherches.

Voilà : nous voulions vous faire partager les conditions de vie de ce voyage intérieur.

Il nous tenait à cœur, d’expérimenter par nous-mêmes, des connaissances ancestrales de guérison holistique. Expérimenter les effets de l’esprit de ces plantes qui deviennent, de fait, nos thérapeutes. Elles viennent s’associer, pour nous accompagner dans notre démarche psychologique, émotionnelle et spirituelle.

Pour l’heure, nous sommes déjà bluffés par leur efficacité.

Après notre retraite/diète, nous avons eu besoin de nous reposer pendant 4 jours chez Martin et Silvia, et avons adopté un petit rythme.

Puis nous avons quitté Tarapoto pour Moyobamba.

En prenant le petit déjeuner à l’hôtel, nous nous renseignons de ce qu’il y a voir. Jordan, l’hôtelier, nous propose d’être notre guide, de nous emporter avec sa moto taxi. C’est l’idéal pour nous.

Ainsi, il nous emmène d’abord à la banque où nous retirons de l’argent liquide, puis au terminal de transport où nous prenons nos billets de bus pour le lendemain pour Chachapoyas.

Ensuite, il nous dirige au mirador de Tahuisheo. Le paysage est absolument magnifique, grandiose et la nature luxuriante. Dans la plaine, une large rivière, avec un village au bord, des rizières….

Nous visitons un jardin d’orchidées où nous prenons beaucoup de photos. En fait, de nombreuses plantes nous sont familières en tant que plantes d’appartement, ici dans leur élément naturel. Mais aussi des caïmans, des piranhas…

El “chamanito”

Puis, nous partons en direction des bains thermaux de San Matéo.

Comme en Équateur, je prends beaucoup de plaisir à passer d’un bassin à l’autre, à différentes températures de 38° à 42°.

Cathédrale St Jacques de Compostelle de Moyobamba

Jordan nous laisse devant la cathédrale St Jacques de Compostelle, au centre-ville Pour revenir à notre hôtel, nous demandons notre chemin à des policiers devant leur lieu de travail. Ils hésitent parce qu’il y a 2 rue de l’indépendance dans la ville.

Et, contre toute attente, ils nous font monter dans leur véhicule et nous emmènent eux-mêmes devant notre hôtel. Encore une fois, nous n’en demandions pas tant, ils auraient tout simplement pu nous conseiller de prendre un taxi.

Puis, nous allons à Chachapoyas.

Notre hôtel est charmant, une hacienda calme en plein centre-ville, donnant sur la place centrale.

La ville aussi est particulièrement calme, propre, harmonieuse. Tous les bâtiments sont blancs.

Nous visitons un petit musée gratuit sur le passé de la ville.

Nous montons tranquillement au mirador, au-dessus de la cité, où nous avons une très belle vue sur l’autre côté de la vallée.

Nous prenons un minibus qui nous emmène au petit village de Huencas. De là, nous dirigeons vers le 1er mirador.

Le paysage est absolument grandiose sur les gorges Sonche, nous restons ébahis et enchantés de ces paysages à perte de vue, avec des dénivelés impressionnants, d’immenses cascades au loin, les couleurs …

Puis de retour au village, nous prenons une autre direction, une piste de 4.5 km à pied, pour nous rendre à un autre mirador.

Là aussi le paysage est époustouflant de beauté. Nous restons longtemps à nous en imprégner.

Au petit restaurant du village, où nous avons mangé la spécialité, la truite grillée, nous avons craqué devant le beau visage de cet enfant de 2 ans.

A Cajamarca, la place d’armes et les alentours sont vraiment très agréables. Encore une ville plus propre et plus calme que la moyenne.

Nous partons pour Cumbe mayo, un incroyable alignement de rochers, une forêt de pierre dans une plaine verte.

Des pierres volcaniques, d’environ 18m de haut.

L’érosion provoquée par la pluie et le vent les ont déformés et on peut imaginer des formes d’animaux.

Un impressionnant aqueduc serpente : Il s’agit d’un des plus vieux systèmes hydrauliques de toute l’Amérique du Sud. Vieux d’au moins 3 000 ans. Il est plus ancien que les aqueducs romains.

Cet aqueduc de 9 km, a été creusé dans la roche, mais parfois il passe également sous des rochers. Il alterne entre lignes droites et zigzags anguleux. Cela a été fait pour ralentir le débit de l’eau, et limiterait ainsi l’érosion de l’aqueduc. Il prend l’eau à 3 513 m d’altitude et descend jusqu’à la ville de Cajamarca. Il permettait donc d’avoir de l’eau pour les cultures et remplissait un grand réservoir au pied de la montagne.

Tout le long du canal, on peut voir des autels. On nous montre un gros rocher que l’on nous présente comme une pierre cérémonielle. Cela prouve que le culte de l’eau était présent dans cette civilisation.

Notre guide était passionné et pour nous, le parcours de 3h, dans cette nature étonnante a été enthousiasmant.

Nous allons aux bains thermaux. Le lieu est sympa mais le bain en question, pas terrible. Nous attendons notre tour, notre n°, pour entrer dans une petite pièce fermée, avec un petit bassin, que nous remplissons en réglant la température de l’eau à notre convenance.

Nous nous allongeons dedans, 20 mn, puis on frappe à la porte pour que nous laissions la place aux suivants. Ce bassin laisse beaucoup à désirer quant à la propreté.

Mais, depuis le 1er décembre, nous nous sommes habitués à l’hygiène et la sécurité bien moindre qu’en France.

Nous avons pris un bus très confort pour aller à Trujillo et nous arrivons vers 6h du matin. Un taxi nous propose ses services pour nous transporter directement à notre hôtel à Huanchaco, à 10 km. Nous acceptons. Car, sinon, il nous emmènerait au centre-ville et nous prendrions un mini bus, pas très adapté avec nos gros bagages.

Le taximan, frappe à la porte de l’hôtel et ne part que lorsque celui-ci nous ouvre. L’hôtelier nous garde nos bagages. Nous pourrons rentrer dans notre chambre seulement à midi. Aussi, nous allons nous promener en bord de la mer, sur un grand ponton et assistons au lever du jour, avec les pêcheurs à quai, les petites embarcations de roseaux typiques d’ici, appelées « caballitos de totora » qui partent sur la mer, …

Nous rencontrons 2 Françaises, de Paris, en voyage depuis 6 mois, Téa et Emilia. Nous discutons aussi avec l’hôtelier, 40 ans, qui est professeur de religion.

Puis nous allons à la plage. On nous propose la location de 2 transats et son parasol pour la journée. Nous acceptons. C’était très adapté. Le peu que nous sommes allés marcher sur la plage ou que nous nous sommes baignés, nous avons pris des coups de soleil. A 13h 30, nous avons mangé dans un restaurant, juste à 30m derrière nos sièges, du poisson bien sûr.

Caballitos de totora

Ce fut vraiment une journée repos avec assoupissements sur nos transats de temps à autres.

Trujillo

De Huanchaco à  Huaraz, nous passons de 0 à 3 000 m d’altitude. Pourtant, la température est d’environ 30° et autour de nous : des sommets enneigés. Il faut dire qu’ils sont à plus de 6 000 m !

Nous partons avec un mini bus de 14 personnes accompagnés d’un guide, pour aller jusqu’au parc national de Huascaran et la laguna Paron à 4 000 m d’altitude. C’est le lac le plus important de la Cordillère Blanche. Il faut 3h de route, dont une bonne moitié sur des pistes très cahoteuses. Au retour, le chauffeur s’est même arrêté pour resserrer les boulons des roues ! Le paysage est magnifique.

La cordillère blanche s’étend sur 180 kilomètres de longueur et comprend 35 sommets d’une altitude supérieure à 6 000 mètres dont le Huascarán, son point culminant avec 6 768 mètres d’altitude.

Le lac Paron est d’un bleu pastel superbe, avec en fond, des pics enneigés. Nous prenons un sentier qui monte sur 200 m de dénivelé pour atteindre un mirador.

Le guide est un amoureux de la nature et de la montagne. Il est issu de la culture pré-Incas. Avec Hélios, au sommet, il nous propose un rituel d’offrande à la nature, à la terre-mère, la Pacha Mama. Durant cette petite cérémonie à trois, nous mâchons des feuilles de coca, aux très grandes vertus. Nous sommes très touchés et en accord avec cette spiritualité simple, naturelle, où nous sommes tous liés « au grand tout », à la Vie, que d’autres appelleront Dieu.

Nous avions entendu beaucoup de mal de Lima, par les voyageurs rencontrés et nous sommes agréablement surpris du calme, de la modernité des lieux et de leur propreté       .

A Lima nous allons nous promener le long de la côte, qui est prêt de notre logement. Le bord de mer est très bien entretenu, avec de jolis parcs, bien vert et fleuris. Ce sont des plages de galets et là aussi, c’est le paradis des surfeurs. Nous flânons tout le matin et faisons connaissance de notre quartier : Miraflores.

Nous partons en ville. En cherchant un bus, nous trouvons un taxi, qui nous emmène pour 3 soles seulement chacun. Il remplit son véhicule à bloc pour rentrer dans ses frais.

En arrivant au centre-ville, ce dimanche, nous assistons à la relève de la garde devant le palais du gouvernement, suivit d’une parade militaire avec chorégraphies et en fanfare. Avec les fins de messes aux grandes orgues, ce dimanche matin est décidément très musical.

Nous flânons, le long de beaux bâtiments, de l’exposition de l’artisanat du pays, à l’intérieur d’une belle bibliothèque où les étudiants travaillent avec application…

Sur une placette, les gens dansent sans complexe, sur une musique typiquement Péruvienne, rythme salsa.

Nous ne résistons pas : nous confions nos sacs à une dame et allons danser. Ça fait du bien !

Lima centre ville

La bibliothèque en centre ville

La cathédrale

A suivre la semaine prochaine :

3 mois en Amérique Latine, le PÉROU 2ème partie