LE JOURNAL  DE COLETTE …….. AU FIL DU QUOTIDIEN

 20 décembre 2022                     31 décembre  2022

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Mardi 20 décembre 22 –Samaipata – Sucre : 362 km

Pour notre dernière demi-journée à Samaipata, nous marchons jusqu’au cimetière.

En effet nous avions remarqué, durant nos transports, qu’ils étaient très colorés.

Dans les allées de celui de Samaipata, nous avons l’impression d’être dans un centre de vacances (de grandes, grandes vacances !) avec des bungalows de chaque côté.

.Nous avons l’occasion de discuter avec une dame et sa mère qui nettoient à fond la tombe familiale.

Notre chauffeur de taxi nous a dit, hier, qu’il y avait 33 nationalités différentes à Samaipata, car, lorsque les gens viennent, ils y restent dit-il. Ce qui vient appuyer le nom de cette ville : Samai : le calme ; pata : dans les hauteurs.

A notre hostal, notre hôte Andoriña s’est occupée de la réservation de nos billets de transports : un taxi jusqu’à Mairana où nous prendrons le bus pour Sucre. Avant le départ, nous discutons et dès qu’elle a su qu’Hélios était psychologue, elle nous a livré des informations très personnelles sur sa vie en toute confiance. Nous en faisons de même.

Hélas, nous sommes brutalement coupés dans notre conversation, par l’arrivée de notre taxi.

Nous nous promettons de communiquer par mail et WhatsApp.

A Mairana, nous attendons 1h ½. Les photos que j’ai envoyées viennent de là. Ce bus transporte aussi des caisses de pêches et de raisins.

Sur le fronton du bus : « Jésus guide mon chemin » est en effet bien adapté ! Il faut compter sur la providence pour arriver à bon port !

Nous partons à 16h 30 et arrivons à notre hôtel à Sucre à 4h du matin ! soit une moyenne de 30 km/h.

La route, pas toujours goudronnée, engendre beaucoup de poussière. Nous avons eu un arrêt pipi et restauration vers 19h.

Dans le bus, alors que je prenais une petite fille en photo, nous discutons avec le papa, professeur de physique dans le secondaire à Samaipata.

Pas de télé dans ce transport : ouf ! une pollution de moins.

Sucre est à 2 810 m d’altitude. Nous sommes montés de 1 100 m environ, et ce n’est pas fini. Ces paliers vont aider nos corps à s’adapter petit à petit.

Quel plaisir de se retrouver dans une chambre confortable et de pouvoir enfin se reposer !

Mercredi 21 décembre 22 – Sucre

Vers 8h 30 nous prenons notre petit déjeuner, très complet, compris dans le prix de la pension.

Notre première préoccupation est de trouver une laverie pour notre linge. Il nous sera livré à l’hôtel, tout propre, demain.

Puis nous flânons tout en essayant de trouver un office de tourisme. Une agence touristique nous fournit un plan de la ville et bien sûr, des possibilités de tours. Nous allons réfléchir.

Comme à nos habitudes, nous prenons notre repas de midi au marché municipal, très près de notre hôtel.

Puis nous remarquons de très beaux gâteaux et allons les goûter.

Nous essayons une sieste, mais non, ne réussissant pas à nous endormir, nous allons découvrir la ville, sans but précis.

2 personnes parlent Français entre elles, nous les abordons. Il s’agit de témoins de Jéhovah, ici pour répandre la bonne parole. Après quelques échanges nous les quittons en leur disant que nous avons une spiritualité et que, pour nous, toutes les religions se rejoignent.

Au parc Bolivar, des jeunes s’entrainent à danser sous l’œil d’un jeune qui leur enseigne. Nous les regardons, très intéressés, quand un homme, Fernando, nous aborde pour nous donner des explications. Il s’agit de « villansicos » chants et danses d’adoration devant la crèche al niño Jésus. Elles vont se danser un peu partout le soir et le jour de Noël.

Le très bon gâteau à la crème de midi ne réussit pas à Hélios qui a quelques dérangements gastriques. Aussi ce soir :  diète. Je n’ai pas faim non plus.

Jeudi 22 décembre 22 – Sucre

Cela fait 2 jours que je ne dors presque pas et aujourd’hui, nous sommes tous les deux « au radar ».

Nous allons visiter un musée « la casa de la Libertad », situé sur la place principale.

Avant la colonisation européenne le territoire bolivien appartenait à l’empire Inca, qui était le plus grand État de l’Amérique précolombienne. L’Empire espagnol a conquis la région au XVI ème siècle. Pendant la période coloniale espagnole, la région s’appelle « le Haut-Pérou » ou «Charcas».

Après la déclaration d’indépendance en 1809, 16 années de guerre se déroulent avant la mise en place de la République de Bolivie, nommée en l’honneur de Simon Bolivar.

« La Casa de la Libertad » est considérée comme le monument historique le plus important de Bolivie.

C’est ici, que les députés de l’Assemblée générale des départements du Haut-Pérou ont déclaré l’indépendance et proclamé la République de Bolívar le 6 août 1825. Rédigée par le libérateur Simon Bolívar, la première constitution, ainsi que les lois fondamentales du nouvel état furent ratifiées dans ces murs et le Maréchal Sucre y prêta serment en tant que premier président de la République.

Cet espace continue d’accueillir les cérémonies les plus importantes du pays.

Des meubles d’origine française du 19ème siècle décorent la Salle d’Honneur.

Nous rencontrons Pascal, français de Nancy, parti aussi pour 3 mois.

Vendredi 23 décembre 22 – Sucre

Un rhume en été, quelle drôle d’idée ! Pourtant il vient de se déclarer chez moi.

Mais mon corps est aussi en train de s’adapter à l’altitude car j’en ai certains symptômes : les maux de tête, de manque d’appétit, l’insomnie, l’essoufflement. Bon, mais je dois aussi fabriquer des globules rouges.

Un peu d’aspirine et un petit rythme en attendant que ça aille mieux. Chez Hélios, la forme est revenue.

Sucre, située au centre de la Bolivie est reconnue comme l’une des plus belles villes du pays.

Si La Paz reste le centre administratif du pays, Sucre en est sa capitale constitutionnelle et se distingue par son cœur historique blanchi à la chaux et par sa gastronomie.

Faisant partie des villes les plus touristiques du pays, Sucre est unanimement désignée comme agréable à visiter, notamment grâce à son climat idéal.

Considérée comme « ville repos » cette citée coloniale qui s’élève à 2810m d’altitude est inscrite au Patrimoine mondiale de l’UNESCO depuis 1991.

Dans tous les endroits visités nous remarquons beaucoup de mendicité. Un tiers de la population est sous le seuil de pauvreté.

Sur booking.com, nous trouvons très facilement nos logements et nous réservons 4 nuits à Potosi. Dans la foulée, nous achetons nos billets de bus, dans une agence près de notre hôtel.

Puis en nous baladant, nous remarquons un « café mirador ».

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.Nous allons d’abord prendre notre repas de midi au marché avant d’y revenir.

.A côté de notre table, s’installent 2 françaises fort sympathiques :

Camille de Bordeaux et Carla de Paris.

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Après 6 mois d’études à Buenos aires, elles en profitent pour voyager avant de rentrer au pays.

En haut du mirador, au 4ème étage, nous avons une vue panoramique sur la ville et dégustons un excellent café amélioré de lait, chocolat, Amaretto…avant d’aller faire la sieste.

au sommet du café mirador

Pascal nous ayant averti que la montée au mirador de la Recoleta, situé sur une colline, était ardue, nous prenons un taxi pour y aller.

De là-haut, nous avons une vue spectaculaire sur toute la ville de Sucre.

Et en cette veille de Noël, les manifestations ne manquent pas.

  • Un orchestre joue sur la place de façon très entrainante ce qui incite les enfants à danser.
  • Une procession religieuse très animée aussi par un orchestre défile solennellement.

Et pour compléter la soirée, nous allons goûter à la gastronomie, dans un espace culturel dédié au folklore Bolivien. Un spectacle de danse de très grande qualité nous est offert avec des costumes et des chorégraphies extraordinaires, durant le repas. Pascal nous a rejoint pour cette soirée.

Samedi 24 décembre 22 – Sucre

Pourquoi les décorations de Noël représentent souvent des dinosaures ?

Près de Sucre, un site de traces de dinosaures le plus important du monde y a été découvert. Il regroupe environ 5000 traces de 294 espèces différentes aujourd’hui recensées.

Dans la matinée, nous avons assisté à une course de petits chars sans moteur, conduits par une personne et poussés par une autre, du haut de la ville vers le bas. La circulation avait été coupée et la ville était devenue très calme.

Après le repas au marché,  en début d’après-midi, j’ai eu le plaisir d’échanger avec mes fils, en pleine cuisine du repas du réveillon : cela fait tout drôle ce décalage horaire !

Puis, nous avons visité le couvent et l’église San Felipe de Neri, un des bâtiments les plus important de la ville, de style néoclassique, reconverti en école pour filles.

De ses terrasses, on peut apprécier un panorama grandiose à 360° sur la ville.

Comme la veille nous avons partagé notre soirée avec Pascal. Nous avons réveillonné dans un resto donnant sur la place centrale. Après un apéritif americano-latino, un ensemble de 3 viandes : bœuf, poulet et porc accompagné des légumes cuits et d’un bon vin de Tarija, région que nous irons bientôt visiter. Tout était excellent, et il n’y avait plus de place pour un dessert.

Je pensais que tout le monde serait en famille et que la ville serait désertée. Pas du tout. La place centrale est très très animée, joyeuse et festive.

Nous allons à la messe à 22h.

Les paroissiens ont amené leur Jésus, dans un petit « panier-berceau », qu’ils déposent au pied de la crèche, afin, je suppose, qu’il soit béni durant l’office. Ils repartent avec, à la fin de l’office.

Un groupe d’une dizaine de jeunes, dansent des « villansicos » devant la crèche à plusieurs reprises durant l’office. La musique, très enlevée et rythmée tranche radicalement avec le reste de l’office tel que nous le connaissons chez nous. Les chorégraphies sont variées, il y a même des roulades au sol et toute l’assemblée tape des mains. Ça réveille !

Le sermon du curé a été EX-TRE-ME-MENT LONG. Il a sans doute profité de l’audience exceptionnelle qu’il avait ce soir-là ! Cette messe a duré 1h ½. Les chants étaient dissonants (pour ne pas dire faux).

Ce mélange des cultures est vraiment intéressant à observer.

Dimanche 25 décembre 22 – Sucre

Pascal nous a parlé d’un marché des sorcières. Notre curiosité nous incite à nous y rendre avant de quitter Sucre.

Le peuple Aymara forme l’une des communautés les plus populeuses de Bolivie. Malgré leur conversion au catholicisme par les Espagnols, les Aymaras conservent des croyances ancestrales et vénèrent la Pachamama, le Soleil, et de nombreuses autres divinités.

Le marché aux sorcières propose sur ses étals tous les objets et ingrédients permettant de faire des offrandes aux dieux ou de jeter un sort contre les esprits.

On y trouve également des remèdes maison, toutes sortes d’herbes et d’ingrédients, des amulettes, des poudres magiques, des crapauds séchés, des grenouilles porte-bonheur, des tortues pour la longévité et des fœtus de lama séché que les Aymaras enterrent sur leur terrain afin de garantir la bonne fortune et la protection de la Pachamama.

On croise également sur ce marché des « Yatiris », prêtres traditionnels de la spiritualité Aymara, reconnaissables à leur chapeau et leur petit sac rempli de feuilles de coca, qui pratiquent l’art divinatoire.

Quant à nous, parmi tout ce bazar, nous avons acheté 500 gr de Maca en poudre. Cette plante est d’une grande richesse nutritionnelle. C’est un dynamisant qui par ailleurs, stimulerait la production de globules rouges.

Les 500 gr coûtent 17€ dans les magasins bio, nous avons payé l’équivalent de 2€.

Ce marché aux sorcières se situe dans un quartier très pauvre. En ce jour de Noël, des distributions de jouets, de bonbons, de chips engendrent des rassemblements et des queues interminables.

Entre cette misère et les animaux séchés, il faut avoir le cœur bien accroché.

Pour notre dernière soirée avec Pascal et à Sucre, nous avons envie d’un resto exotique. Pascal en déniche un qui sert des ceviches, morceaux de poisson frais macérés dans du jus de citron et autres épices piquants. Ainsi nous passons une dernière bonne soirée ensemble, à nous confier et à partager nos observations sur ce que nous vivons durant ce voyage.

Lundi 26 décembre 22 – Sucre – Potosi : 155 km

J’ai rêvé en espagnol ! il faut croire que j’intègre la langue !

Un taxi nous emmène au terminal des transports où nous prenons le bus pour Potosi. 3 heures de voyage dans un bus confortable, sans télé. Le paysage est montagneux, très aride, minéral.

Potosi est à 4070 m d’altitude, c’est la 2ème ville la plus haute du monde, après El Alto : 4150 m, aussi en Bolivie, près de La Paz.

Notre hôtel est très près de la place centrale, dans le centre historique. Nous trouvons de suite l’office de tourisme qui nous délivre le plan de la ville, et allons manger au marché municipal. Nous avons déjà nos habitudes d’organisation.

La ville nous parait beaucoup plus calme et moins peuplée que Sucre. En effet, elle a 2 fois moins d’habitants.

Même à cette altitude, il fait chaud, avec le fond de l’air frais (comme en montagne). Quand nous marchons sur le plat, tout va bien mais dans les montées, j’ai besoin d’arrêts pour diminuer l’essoufflement. L’air est plus rare. Hélios est moins impacté.

Dès que le soleil est couché, il fait froid et nous superposons les vêtements.

Notre hôtesse nous a allumé le poêle à gaz dans notre chambre et nous conseille de l’éteindre avant de dormir, ce que nous respectons scrupuleusement. Nous n’avons pas envie de nos intoxiquer cette nuit dans notre sommeil !

Dans la soirée, nous avons consulté Internet concernant la visite des mines de Potosi, l’attraction principale ici.

Le Cerro Rico (« Montagne riche ») est une montagne qui domine la ville du haut de ses 4824 m. Elle est faite de minerai d’argent. Déjà exploitée par les peuples précolombiens, les Espagnols firent de l’extraction de l’argent une véritable industrie qui permit de remplir pendant des siècles les caisses de l’Empire. Plus de 30 000 tonnes d’argent furent extraites ici pour être envoyées directement en Europe,

En Espagnol, une expression populaire était de dire « vale un Potosí! », ce qui signifiait valoir une fortune.

Potosi fut au XVIIème  siècle une des plus grandes villes du monde avec plus de 200 000 habitants, bien plus que Paris ! C’était en réalité une des villes les plus importantes au monde du fait de son importance financière pour les colonies espagnoles.

Des millions d’Indiens sont morts dans les galeries de la montagne en raison de problèmes respiratoires ou d’accidents.

La mine de Potosi est déclarée épuisée depuis bien longtemps. De nos jours, c’est de l’étain, du zinc et du plomb que les mineurs vendent. Ils continuent d’y travailler dans des conditions extrêmement difficiles.

La valeur universelle de la ville de Potosi lui valut l’honneur d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987.

Mais depuis 2014 Potosi est aussi inscrite sur la liste des patrimoines en péril, notamment en raison de l’instabilité du Cerro Rico. Les nombreuses galeries creusées ont fragilisé la montagne.

Des différents témoignages que nous avons lus de personnes ayant visité ces mines, il en ressort un manque de respect pour les visiteurs, mais surtout pour les mineurs.

Aussi nous faisons le choix de ne pas participer à ce voyeurisme, à ce tourisme de la misère. Voici un lien édifiant pour en savoir plus sur cette visite. https://voyagerconnecte.fr/bolivie-visiter-mines-de-potosi/

Mardi 27 décembre 22 – Potosi 

Après un copieux petit déjeuner américain à l’hostal, la Casa de Huespedes de Maria Victoria, nous portons notre linge à la lavadora. Il sera prêt ce soir.

La 2ème visite incontournable à Potosi, après les mines, est « la casa de la moneda » un bâtiment où l'on frappait l'argent qui venait de la Colline.

La visite nous a été guidée, en français, à travers les différentes salles d'art, de numismatique, de culture, de peinture par des artistes du pays et d'ailleurs.

En bas, dans les caves, nous avons vu à quoi ressemblaient les laminoirs mûs par des mules et les fours où l'on chauffait l'argent pour être frappé, les ustensiles des différentes étapes de la création de la pièce.
Une visite intéressante à travers les différentes étapes de la frappe des pièces.

Dans le patio de l’entrée, un énorme masque qui est supposé être celui du dieu Bacchus, sourit sarcastiquement :  on dit qu'il s'agit d'une grimace ironique dirigée vers les Espagnols dans leur retraite de la zone.

Nous apprenons aussi que les billets Boliviens sont fabriqués par l’entreprise française Oberthur Fiduciaire SAS, en Bretagne, au nom de l’État plurinational de Bolivie.

Au cours de cette visite nous avons fait la connaissance de Lucie, 23 ans, fauconnière, qui voyage seule, une forte personnalité, dans la curiosité.

Après cette visite nous allons au restaurant, goûter le kalapurka.

Cette soupe épaisse est servie aux mineurs pour affronter de longues heures sans manger, dans des conditions extrêmes. La pierre volcanique introduite dans cette soupe permet de la garder bien chaude, pendant plusieurs heures.

Mercredi 28 décembre 22 – Potosi 

Nous décidons de sortir de la ville en bus, pour aller marcher dans la nature.

A 26 kilomètres de Potosí, il y a une lagune d'eau thermale, appelée « ojo del Inca » d’une forme parfaitement circulaire, qui a des qualités curatives. Elle guérit les douleurs osseuses et articulaires. Ses eaux sont à une température de 35°. C’est un cratère de volcan d’où émane un courant d’eau chaude dans sa partie centrale, 25 litres/seconde.

Lorsque le bus nous laisse, nous avons encore 25 mn de marche pour l’atteindre.

Dans ce lieu paisible, on peut profiter d'un paysage de collines, très minéral, entouré de paille sauvage.

Le gardien des lieux, Fred, la cinquantaine, nous accueille. Nous sommes les seuls visiteurs. Fred, se veut le défenseur de ce lieu, qui, pour lui, est hautement sacré et dédié à la Pachamama. C’est un endroit où l’on se ressource. Il nous conseille de nager sur les berges et ne pas aller au centre.

A quelques mètres de là, il y a un autre « œil », où l'eau est si chaude, que les habitants avaient l'habitude de laisser bouillir des œufs et des pommes de terre, pendant qu'ils allaient faire leurs travaux agricoles.

Puis arrive un autre couple accompagné de leur guide, avec lequel nous discutons un bon moment tout en nous baignant. Ils nous ramènent en voiture vers l’arrêt des bus.

Nous poussons jusqu’à Miraflores, en bus, un village plus loin. Là nous prenons notre repas. Nous sommes déçus par l’insalubrité des lieux.

A l’office de tourisme de Potosi, on commence à nous connaitre et nous sommes servis avec beaucoup d’efficacité et de bonne humeur. Aujourd’hui, c’est pour organiser le lendemain et réserver notre transport prochain vers Tarija.

Jeudi 29 décembre 22 – Potosi – Tarija : 346 km

A 10h nous sommes à l’office de tourisme où notre guide Edgar, nous attend pour nous emmener vers les lagunes Kari kari.

La veille on nous avait dit, que seuls les 4X4 pouvaient monter par ce chemin. C’est une voiture qui nous attend. 2 jeunes filles en stage de formation à l’office, Myriam et Lady en profitent pour venir avec nous.

Myriam apprend le français ; elle est ravie de s’essayer à notre langue, comme moi à l’espagnol.

La voiture chargée, nous voilà partis par des chemins extrêmement caillouteux et raides. Nous souffrons pour le véhicule. A un endroit, il patine et ne peut plus avancer. Nous descendons et la voiture allégée, nous attend un peu plus haut.

La construction des lagunes artificielles de Kari Kari est l'un des plus grands ouvrages d'ingénierie au monde.

Situées à 13 kilomètres de Potosí, le chantier a duré près d'un demi-siècle (entre 1563 et 1590) et près de 20 000 indigènes y ont participé.

Les lagunes ont été construites pour stocker l'eau nécessaire aux usines minières à l'époque coloniale. Il a été décidé de profiter des ravins et des creux créés naturellement par le cours de l'eau, pour la construction de lagunes artificielles, reliées les unes aux autres, grâce à un système parfait de distribution hydraulique canalisé qui profite de la descente vers Potosí.

De nombreuses personnes ont travaillé là, au broyage du minerai à l'époque coloniale, dans plus de 100 moulins.

Les lagunes et les moulins sont déclarés sites du patrimoine mondial.

Actuellement 45% de l’eau de Potosi, provient de ces lagunes.

Ce paysage de montagne est austère, très peu peuplé, recouvert seulement de paille sauvage, de mousse. Mais l’air y est pur.

Nous allons seulement à la 1ère lagune : celle de San Sebastián et en faisons, tous ensemble, le tour à pied. En route nous rencontrons une bergère de lamas et par l’intermédiaire d’Edgar, nous pouvons échanger avec elle, qui parle Quechua. Elle effiloche de la laine de lama, assise par terre, contre des pierres.

Quand, nous lui demandons son âge, elle l’évalue entre 55 et 60 ans.

Myriam a entendu parler d’une chanson française : et glou, et glou, et glou …Ah ! la réputation des français est arrivée jusque-là !

Aussi nous voilà partis à chanter, à gorge déployée :

Amie Myriam, amie Myriam, prends donc ton verre, et surtout ne le renverse pas

Et porte-le au frontibus, au nazibus, au mentibus, au sexibus et …..glou et glou et glou….

Elle est des nôtres, elle a bu son verre comme les autres.

Notre auditoire est ravi et en redemande. Alors nous chantons « frère Jacques en canon », « la meilleure façon de marcher », « la Marseillaise »…

Et je peux vous dire que chanter ainsi, à 4 444 m d’altitude, tout en marchant, c’est essoufflant !!!

Myriam aimerait réussir ses études de français et être sélectionnée en tant qu’hôtesse, lors des jeux olympiques à Paris en 2024.

Si elle concrétise ce projet, elle pourra venir chez nous à Toulouse. Aussi, nous lui laissons toutes nos coordonnées, ainsi que les paroles de la chanson : et glou, et glou, et glou, qu’elle nous réclame !

Oscar, employé à l’office de tourisme Koala Tours depuis 25 ans est d’une gentillesse et d’une serviabilité hors du commun. Cette agence face au Musée de la Moneda est à recommander. Il vient avec le chauffeur de taxi, Miguel, le frère d’Edgar, qui nous emmène à la gare routière. Il s’assure que tout se passe bien pour nous auprès de l’agence Expresso Tarifa, avec laquelle il a négocié notre billet à 100 Bs par personne au lieu de 120. Nous le remercions très chaleureusement.

Notre bus, semi-cama, (c’est-à-dire que nous pouvons beaucoup incliner le siège, pour dormir) part à 22h. Nous arrivons à 5h ½ pas frais, car malgré le confort, nous n’avons que très peu dormi sur cette route très chaotique.

Vendredi 30 décembre 22 – Tarija 

Notre logement est un grand appartement au 3ème étage, très éclairé, avec de belles vues sur les montagnes et la ville alentour.

Le paysage a totalement changé, il est verdoyant. Nous sommes au sud de la Bolivie à 1 860 m d’altitude. Il fait doux.

Ce climat tempéré est idéal pour les vignobles, la région est productrice des meilleurs vins Bolivien. On y produit du Singani, liqueur typique de la région, et de nombreux autres vins.

Aujourd’hui, nous déambulons dans la ville, sans but précis, histoire de prendre la température.

On dirait que la ville, comme bien d’autres en Bolivie est un marché géant. Un mélange de produits de toutes sortes, de couleurs, d’odeurs, de sons qui interpellent à tous moments.

Samedi 31 décembre 22 – Tarija 

Une bonne nuit de sommeil a réparé celle de la veille.

En ce dernier jour de l’année, nous avons opté pour une balade rafraichissante dans la nature.

Situé à 15 km de la ville, Coïmata est un lieu d’une grande attraction naturelle. A partir d’imposantes montagnes coulent en cascades des eaux cristallines, qui se jettent dans des piscines naturelles.

La balade se termine par une magnifique cascade entourée de paysages fascinants et énergisants.

Les chemins sont nombreux et ne sont pas marqués, si bien qu’au retour, nous avons emprunté sans doute un chemin de vache, qui nous a emmené haut dans la colline avant de redescendre et de retrouver notre point de départ. Nous nous en sommes tirés avec quelques égratignures.

Comme pour l’allée, nous prenons le taxi et le bus pour rentrer chez nous.

LE REVEILLON

Nous avions réservé dans un restaurant de la place centrale un repas de réveillon, accompagné de musique que l’on nous a qualifiée de « classique », sur laquelle nous pourrions danser, pour 100 bolivianos chacun soit 30€ pour nous 2. On nous a donné des tickets qui correspondent à une entrée, un plat et 3 boissons. La soirée commence à 20h 30.

Nous y voilà à l’heure dite. On nous annonce que la soirée commencera à 22h 30. Qu’à cela ne tienne. La place centrale est très animée et scintillante. Un violoniste joue et nous l’écoutons avec plaisir.

Vers 22h nous remarquons que les convives arrivent et nous nous installons aussi. Toutes les tables sont réservées, pourtant les gens arrivent très tard, jusqu’à peu avant minuit.

Et pour cause. On nous sert ce qui semble le plat principal : 2 tranches de viande de volailles (très bon) accompagné de riz (encore et toujours).

Lorsque nous demandons s’il s’agit de l’entrée : non, c’est le plat. « Entrada », c’était l’entrée dans le restaurant !!! donnant droit à un chapeau chacun !

La musique disco, sur le même rythme toute la soirée : boum, boum, boum…qui ne permet pas de danser en couple.

Les boissons nous sont servies après le plat unique : un verre de vin, très bon, que nous aurions apprécié avec le plat.

Puis plus tard, un mojito et enfin quand minuit arrive, devinez avec quoi on fête les grands évènements ici ? du champagne !

Le DJ demande si quelqu’un veut parler au micro. Je pousse Hélios. Il dit à peu près ceci : que nous sommes français, et heureux de partager cette fin d’année avec eux… et termine par : viva Bolivia

Enfin, après minuit, les gens se lâchent à danser et pendant 1h nous nous défoulons.

A la table à côté, nos regards se croisent souvent avec une femme, et nous sommes en amitié. Avant de partir, je lui montre la photo que j’ai pris d’elle et elle me prend dans ces bras.

Au retour, nous terminons le repas en savourant des pâtisseries offertes par notre logeuse avant notre départ pour la soirée. Nous les avons agrémentées d’un vino tinto titrant 12,5° que nous avions acheté et qui s’est avéré être un vin doux.

Les surprises ne manquent pas ! Ce qui fait aussi le charme du voyage.

L’année commence en douceurs !