Comme chaque année, Mamie Cocotte et ses petits-enfants reprennent joyeusement et bon-pied bon œil le chemin de Compostelle.

Dès que mes fils m’informent de leur organisation d’été et des disponibilités de leurs enfants, je me charge des réservations des auberges, soit à la mi-mars, cette année.

En Espagne, les gîtes municipaux fonctionnent généralement sur le principe du « premier arrivé, premier servi », sans réservation à l’avance, ce qui ne nous convient pas avec un groupe de cinq personnes. Pour garantir une certaine sécurité logistique, je privilégie donc les réservations dans des albergues privées.

Cette année est particulière :

  • Nous intégrons Romane, 6 ans, pour sa première marche, ce qui me permet d’avoir tous mes petits-enfants avec moi.
  • Nous débutons le chemin en Espagne.

La portion française a été réalisée en huit fois, depuis 2016.

Pour la deuxième année consécutive, nous profitons de 10 jours de marche au lieu de 5, un atout précieux pour compenser les longs déplacements nécessaires,  rejoindre notre point de départ et revenir à la maison après notre arrivée.

Aujourd’hui, Clément a 16 ans, Axel 13 ans, Louise 11 ans et demi, Romane 6 ans, et moi, j’ai 72 ans.

Samedi 20 juillet 2024

Depuis le 15 juillet, Louise passe ses vacances chez nous. Chaque matin, elle fait la grasse matinée. Qu’elle en profite, car le rythme va bientôt changer !

Ce samedi après-midi, nous nous attelons ensemble à préparer trois repas : celui du lendemain midi pour le voyage, celui du soir, ainsi que le pique-nique du surlendemain, sans oublier le petit-déjeuner.

À 22h23, Clément, Axel et Romane arrivent en train à la gare de Toulouse. Louise est impatiente et très excitée. Comme elle le dit, elle ne les voit qu’une fois par an, et c’est très important pour elle.

Je lui fais remarquer que Clément pourrait ne plus venir les années suivantes, compte tenu de son âge. À cette idée, elle s’exclame : « Ah non ! C’est la seule occasion de nous retrouver ensemble ! »

Elle se demande alors si, à leur arrivée, ils oseront s’embrasser. Après réflexion, nous convenons de les accueillir en leur sautant au cou spontanément. Pourtant, quand le moment arrive, la pudeur reprend le dessus. Louise n’ose pas aller vers eux, alors que les garçons, eux, se montrent plus ouverts.

Malgré tout, la magie opère rapidement : les échanges sont fluides, les rires fusent, et la complicité reprend naturellement. Mais il se fait tard, et il est temps de dormir.

Dimanche 21 juillet 24 : de Toulouse à Roncevaux – 330 km

Un orage a éclaté pendant la nuit, faisant nettement chuter la température. Tant mieux !
Nous partons à l’heure prévue, neuf heures précises.

Les enfants, levés plus tôt que prévu, nous ont permis de nous préparer tranquillement.
Dans notre voiture sept places, nous sommes six. Avec Hélios, nous nous relayons au volant. Pour décider quel enfant prendra place à l’arrière, nous tirons à la courte paille.
L’ambiance est détendue, et les routes sont relativement dégagées.

Nous déjeunons sous les halles de Saint-Jean-Pied-de-Port : une salade de légumes agrémentée de thon, œufs et olives, suivie de fromage, yaourt et melon.
Quarante minutes plus tard, nous arrivons à Roncevaux, notre point de départ, perché à 923 mètres d’altitude. Une pluie fine tombe, et la température ne dépasse pas 12°C.

J’avais pris soin de réserver. À l’accueil, on nous demande nos cartes nationales d’identité. Le papa de Louise m’a envoyé une copie via WhatsApp. Mais cela ne suffit pas : on nous explique qu’il faudrait imprimer ce document et le faire certifier par la police. Fort heureusement, dans les autres gîtes, les exigences se sont révélées moins strictes : seules les cartes des plus de 16 ans étaient obligatoires.

Nous prenons place dans l’immense dortoir, divisé en boxes de quatre lits superposés. Les enfants restent ensemble dans un box, tandis que je m’installe dans un autre.
Ils s’amusent beaucoup, peut-être un peu trop, au risque de déranger les pèlerins épuisés après leur traversée des Pyrénées. Faire régner le calme n’est pas une mince affaire.
Dehors, la pluie persiste. Que faire pour occuper les enfants sans jouets ?

Clément nous montre une série d’exercices de musculation, avant de lancer une activité inédite : des glissades sur le ventre dans le couloir. Romane, ravie, imite son frère avec enthousiasme. La scène est cocasse, je les filme.

Quand la pluie cesse enfin, nous allons visiter la Collégiale Royale.

– Waouh ! Qu’elle est belle, cette pièce ! s’exclame Romane en entrant.
Lorsqu’elle apprend que nous reviendrons pour la messe de 18h, elle s’enthousiasme en pensant qu’il s’agit d’une ker-messe ! Ah, mon Dieu, Saint Jacques, priez pour nous !

Pendant l’office, le prêtre propose à Clément et Louise de faire la quête, mais ils déclinent poliment. Louise, ne comprenant pas de quoi il s’agit, préfère ne pas se risquer.
Pour tous, c’est la première fois qu’ils assistent à une messe.
Plus tard, Clément nous confie qu’il aurait été plus motivé à participer s’il avait pu garder l’argent récolté pour lui !

Romane, demande si cela va être long. À ma réponse affirmative, elle s’endort et nous la réveillons à la fin de l’office.

Clément et Axel, perplexes, avouent « ne rien y comprendre ».
Pour ma part, ayant une spiritualité sans dogme et religion, je me contente de répondre à leurs questions sans les influencer.

La puissance de l’orgue et les voix des chanteurs m’ont profondément émue.

De retour au gîte, nous savourons une délicieuse salade de couscous dans une salle conviviale équipée de tables et de bancs.

Plus tard, dans leur box, impossible de rétablir un semblant d’ordre : Romane est surexcitée. Je décide alors de la prendre avec moi. Nous dormons blotties l’une contre l’autre, ce qui s’avère providentiel dans cette nuit fraîche. Malgré nos vêtements les plus chauds, nous avons froid, car aucune couverture n’est fournie dans ce gîte.

Lundi 22 juillet 24 : Roncevaux – Espinal : 8,4 km

Les pèlerins partent tôt et le réveil est bruyant dans cet immense dortoir.

Les hospitaliers insistent à plusieurs reprises : il faut avoir quitté les lieux à 8h.

Nous nous préparons et prenons notre petit déjeuner sur place – melon, céréales et lait végétal, pour alléger nos sacs et éviter de manger dehors sur un sol humide. Une dernière annonce : « Il reste 10 minutes ! »

Nous commençons par une toute petite étape pour familiariser Romane.

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La température est fraîche, à peine 9°, lorsque nous prenons le départ, tous ensemble. C’est une grande première pour Romane, et le début d’une belle aventure familiale.

Le sentier traverse une forêt riche en essences variées, offrant un cadre très agréable. Le paysage du Pays Basque espagnol, verdoyant et luxuriant, rappelle celui du côté français.

Plus loin, nous découvrons des pâturages où paissent des vaches, des chevaux et des ânes.

Ces rencontres enchantent Romane, qui réclame des pauses et demande souvent : « C’est quand qu’on arrive ? »

Aussi, elle est autorisée à jouer dans les ruisseaux qui bordent le chemin, ce qui ajoute de l’intérêt.

Au fil de la marche, Clément me parle des stages qu’il a réalisés. Son passage chez les pompiers l’a particulièrement marqué, et il envisage de devenir pompier volontaire, voire professionnel, après un Master.

Cette année, il va se préparer au bac de français et au permis de conduire.

Axel, lui, désire devenir pilote. Il souhaite intégrer l’École des Pupilles de l’Air à Montbonnot dès la seconde. Après avoir assisté à une journée portes ouvertes avec son père, il est très motivé. Élève brillant, avec une moyenne de 17,5 et les félicitations unanimes de ses professeurs, il ne s’en vante pas, reste humble.

Nous arrivons à Espinal à 11h. En attendant de pouvoir intégrer notre gîte à 13h, nous profitons d’un charmant parc pour enfants.

Les jeux, différents de ceux que nous connaissons, captivent Romane, qui s’amuse avec des jeux d’eau et des balançoires.

Les trois grands jouent ensemble, Louise prend rapidement confiance sur les jeux d’équilibre.

Nous prenons notre repas sur les tables et bancs du parc : salade quinoa, aubergine, féta, fromage et yahourts.

Notre gîte, situé à l’étage d’une maison, est très accueillant. Les trois ados partagent une chambre avec trois lits, tandis que Romane et moi avons une chambre avec deux lits. Nous nous sentons comme chez nous.

Chacun prend sa douche et lave ses vêtements, puis nous retournons au parc.

Avec Clément, je pars faire quelques courses. La « tienda » locale est peu approvisionnée : nous achetons 1 kg de pâtes et du fromage pour le dîner, ainsi que 500 g de riz pour le déjeuner du lendemain, le tout à la sauce tomate. Sans huile ni beurre, mais avec un peu de sel, ces repas font le bonheur de tous. J’apprécie leur simplicité et leur capacité à se contenter de l’essentiel.

À 21h, tout le monde est couché. Les draps et couvertures nous offrent un confort qui nous parait luxueux. Avant de nous endormir, Romane et moi inventons ensemble une histoire. Comme elle me parle de ses amours, je lui confie que je suis amoureuse de chacun de mes petits-enfants.

Les trois ados, de leur côté, discutent longuement avant de s’endormir. Ces échanges renforcent leurs liens, à l’abri des regards des adultes.

Mardi 23 juillet 24 : Espinal – Zubiri : 15,5 km

Pour cette grande étape, nous avons décidé de nous lever avec les premières lueurs du jour, à 6h15, afin de parcourir un maximum de chemin dans la fraîcheur matinale.

Dès le lever du soleil, nous partageons un petit-déjeuner autour de bottes de paille, un lieu particulièrement prisé par les enfants.

Clément et Axel, débordant d’énergie, s’amusent à en faire rouler deux le long de la pente du champ. On installe Romane sur l’une d’elle, avant de déguster nos Crispis au lait végétal, servis dans des verres en plastique avec nos petites cuillères – la seule vaisselle emportée.

Le chemin, souvent ombragé par la forêt, est des plus agréables. Cependant, deux longues côtes nous mettent à l’épreuve, avec Romane.

Les trois adolescents, toujours pleins d’élan, prennent régulièrement de l’avance, parfois même loin devant, avant de revenir à notre rencontre.

Pour encourager Romane à avancer sans trop de difficulté, ses frères me suggèrent de la faire parler. Elle commence alors à me raconter l’histoire du Petit Chaperon rouge, puis je prends le relais avec celle des Trois Petits Cochons. Nous enchaînons ensuite par des chansons et nous nous essayons même à les siffler.

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Un peu plus tard, une aire accueillante se profile enfin, au grand soulagement de Romane qui réclamait une pause depuis un moment, et de Louise, en proie à une grande faim. Nous échangeons, tant bien que mal, avec deux Italiens qui nous offrent gentiment des biscuits et nous prennent en photo.

Après un moment de détente et de jeux, nous reprenons le chemin, qui se complique avec une descente très caillouteuse. Romane tombe par deux fois, et nous prenons le temps de soigner les égratignures.

Nous arrivons enfin à Zubiri. Au gîte, nous découvrons un dortoir exigu de sept places, complet. Un groupe de Français nous rejoint, accompagné de deux handicapés poussés dans leur fauteuil. Ils sont visiblement éprouvés par la descente chaotique.

L’après-midi, nous allons jouer à la rivière, puis au parc. Après quelques courses, nous savourons une glace bien méritée, promise à la fin de cette longue étape. Cependant, celle de Romane fond rapidement et coule sur ses vêtements et ses jambes, ce qui la rend inconfortable et un peu contrariée.

Nous décidons ensuite de nous rendre à la piscine municipale. Malheureusement, le bassin unique est trop profond pour Romane, ce qui limite son plaisir.

Clément, de son côté, surprend tout le monde : lui qui adorait l’eau reste cette fois en retrait, pensif. Il est amoureux depuis six mois et semble plus distant qu’auparavant, ce qui nous attriste un peu. Axel, en confidence, m’avoue qu’il a l’impression d’avoir perdu son frère. Leur relation a changé, et cela le peine.

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Je le rassure en lui disant que, d’ici quelques années, ce sera probablement son tour de tomber amoureux.

Même Louise, sa cousine, remarque qu’il est différent des années précédentes.

Chaque année, je redécouvre mes petits-enfants, chacun évoluant, suivant la voie qui lui est propre.

Le soir, au parc, un incident vient perturber la tranquillité : Romane se fait piquer au doigt par une guêpe. Entre la douleur et l’enflure, elle est catastrophée. Heureusement, une crème à la cortisone et des granules homéopathiques d’Arnica 30 ch suffisent à apaiser rapidement sa blessure, qui ne laisse plus de trace dès le lendemain matin.

Pour le dîner, toutes les tables étant occupées, nous prenons notre repas sur un banc à l’extérieur du gîte. Il vient clore cette journée riche en émotions.

Mercredi 24 juillet : Zubiri – Larrasoana : 8 km

C’est une toute petite étape. Les ados sont frustrés. Aussi je leur propose d’aller au but, entre eux, et de revenir à notre rencontre. Ainsi fût fait.

À leur retour, nous mangeons ensemble dans un coin bien ombragé, une nécessité par ces fortes chaleurs.

Arrivés à Larrasoaña, nous prenons le temps de jouer dans la rivière en attendant l’ouverture du gîte. L’eau fraîche nous fait tellement de bien aux pieds.

Là nous rencontrons Édouard, un habitué des lieux. Il parle français et vient chaque jour ici pour faire nager son chien. Avec une énergie débordante, il s’élance à chaque caillou lancé, le récupérant sans relâche.

Pendant ce temps, Romane, assise au bord de l’eau, les pieds immergés, observe les alevins avec une patience infinie, réussissant même à les apprivoiser !

Une fois les douches et lessives terminées, Romane a convaincu Véronique d’assister à une petite représentation de danse improvisée. Elle enchaîne pas et mouvements avec grâce, sous nos applaudissements enthousiastes.

En face de notre gîte se trouve une épicerie-restaurant tenue par Olivier, un Belge ancien professeur de philosophie et d’histoire. Accueillant et chaleureux, il a pris le temps d’expliquer aux enfants ce que le chemin peut leur apporter :

  • L’effort et la douleur les ramènent au moment présent.
  • Face à des choix importants ou à des épreuves de vie, comme un deuil, le chemin pourra être une aide précieuse.
  • Voyager seul leur permettra de mieux se connaître.

Nous avons acheté notre petit déjeuner chez lui, mais Olivier est tellement sympathique que nous viendrons prendre le repas du soir dans son restaurant.

Je l’ai prévenu : mes ados ont un solide appétit ! Il s’est montré à la hauteur avec un repas généreux : une boisson chacun, une salade composée, deux poulets entiers pour nous cinq ! une tortilla et, pour couronner le tout, un cornet de glace. Un véritable festin !

Romane lui fait plein de câlins. Olivier nous confie qu’il a trouvé sa place sur ce chemin. Il est heu-reux.

À la table voisine, une famille de sept pèlerins attire notre attention. Parmi eux, deux jumeaux de quatre mois, nourris au sein, trois autres enfants, dont une en situation de handicap. Toute cette famille parcoure le chemin ensemble. Incroyable !

Jeudi 25 juillet 24 : Larrasoana – Pampelune : 16,5 km

Rapidement, nous longeons les rives du magnifique « rio Arga » et profitons de notre petit-déjeuner sur ses berges : céréales et lait dans nos verres respectifs.
Romane, enchantée, s’occupe joyeusement de la vaisselle et s’amuse un long moment. Elle voudrait rester, c’est un déchirement, mais il faut avancer.

Un peu plus loin, sous un pont, la rivière dévoile un lieu parfait pour se baigner. Les enfants me fixent avec insistance. Je cède : OUI, accordé !
Nous enfilons nos maillots de bain, et c’est parti pour batifoler.
Un couple de personnes âgées, nous offre des morceaux de pastèque, une délicate attention.

Clément, fasciné par le pont, exprime son envie de plonger. Ce couple nous prévient : c’est interdit et passible d’une amende. Je demande donc à Clément de redescendre.
Peu après, un groupe de jeunes Italiens arrive et, sans hésitation, se jette du pont, au moment où nous nous apprêtons à repartir. Clément est furieux de ne pas avoir pu en faire autant. Il exprime sa colère en cassant des galets, puis, subitement, décide de se remettre en maillot et de grimper sur le pont.

Cette fois, je le laisse faire et je filme.

Les pèlerins s’arrêtent, tous les regards se tournent vers lui. Dans un élan audacieux, Clément exécute une superbe pirouette avant d’atterrir dans l’eau ! Tout le monde applaudit, les Italiens en particulier, enthousiastes et admiratifs, viennent le féliciter. Bien que nous ne parlions pas la même langue, ce moment crée un lien fort entre nous, et nos chemins se croiseront à nouveau.
Clément, heureux et fier, reprend le parcours le cœur léger.

La poursuite du chemin est difficile pour Romane. Il y a du découragement dans l’air.

Nous arrivons enfin à Trinidad de Arre où nous avons prévu d’acheter notre repas. Mais surprise : aujourd’hui est un grand jour de fête pour les Espagnols : c’est la fête de la Saint-Jacques, et tous les magasins sont fermés.

Mauvais présage pour les pèlerins en quête de provisions !

A force de renseignements, nous dénichons une boulangerie encore ouverte, où nous achetons de quoi grignoter, à la fois salé et sucré.

Nous nous installons dans un parc pour manger.

Romane, captivée par les jeux, doit être arrachée de force pour parcourir les 4 kilomètres restants, encore plus péniblement. Notre petite aventurière a perdu son sourire.
Elle résume bien la situation en proclamant haut et fort : « je ne savais pas ce que c’étaient les chemins de Compostelle, je ne reviendrais plus !».

Il est vrai qu’imaginer ce pèlerinage et le vivre sont deux choses bien différentes. Ces chemins exigent un effort physique considérable, du courage et une grande persévérance. C’est précisément ces valeurs que je veux leur transmettre, pour qu’ils finissent par apprécier le goût de l’effort.

Ce n’est pas gagné !

Je rassure Romane : l’an prochain, elle aura le choix, en toute connaissance de cause. Si elle décide de revenir, nous en serons très heureux. Si elle choisit de ne pas le refaire, nous comprendrons parfaitement et n’aurons aucun reproche à lui adresser.
Le soir, elle appelle sa maman et vide son sac.

Aujourd’hui, nous lavons notre linge à la lavanderia.
L’étape suivante, encore plus longue (17 km) et marquée par une grande montée, me pousse à décider que Romane et moi prendrons le bus. Les trois adolescents, ravis de cette idée, se sentent investis d’une responsabilité; ils apprécient de ne pas avoir à attendre Romane régulièrement.

Nous prévoyons les repas du soir, le petit-déjeuner et le pique-nique du lendemain. La glace promise durant les étapes difficiles est dégustée avec bonheur.

Depuis quelques jours, je remarque des piqûres d’insectes : d’abord sur mon crâne, puis sur ma hanche, et aujourd’hui sur ma cuisse.
Serait-ce des punaises de lit ? Cette pensée me hante la nuit, et je commence à élaborer un plan d’action.

Voici une illustration des piqûres et des dégâts possibles. (Heureusement, ce n’est pas moi)

Vendredi 26 juillet 24 : Pampelona – Uterga : 17 km

Les trois adolescents se lèvent à l’aube, discrètement, pour ne pas déranger la chambrée. Romane, elle, profite d’une grasse matinée bien méritée.
La veille, ils ont vidé leurs sacs à dos, abandonnant tout ce dont ils n’auraient pas besoin pour la journée.
Dans l’éventualité d’une lutte contre d’éventuelles punaises de lit, j’ai acheté un insecticide. Finalement, je ne l’utiliserai pas, la situation me semblant moins préoccupante.

Nous patientons longuement à la gare routière, sans avoir de jouet pour occuper Romane. Le bus ne part qu’à 13h30. Nous allons nous restaurer à l’extérieur.

Enfin, l’heure du départ arrive. Nous montons à bord. Nos sacs à dos sont dans la soute.

À l’arrivée, une mauvaise surprise nous attend. Avec la chauffeuse, nous découvrons qu’un passager avait embarqué un caddie rempli de bouteilles d’alcool, qui se sont brisées en route, inondant la soute !

Nos sacs dégoulinent d’alcool. Résignés, nous les remettons sur nos dos pour reprendre la route. Beurk ! nous puons l’apéritif !

La chauffeuse, furieuse, immobilise le bus un long moment. Je suppose que le coupable a dû se faire sérieusement enguirlander.

Un habitant nous accompagne et nous indique le chemin de traverse pour nous rendre au village d’Uterga, à 20 minutes à pied, sous une chaleur écrasante.
Au parc, nous retrouvons nos compagnons. Arrivés avant nous, ils ont installé un hamac entre deux arbres et se reposent. Ils ont parcouru 15 km sans s’arrêter avant de prendre leur repas et d’achever leur étape. La sortie de Pampelune leur a paru interminable, puis le paysage a radicalement changé : les forêts ont laissé place à de vastes champs de blé.

Nous nous installons au gîte : dans un grand dortoir de 22 places, équipé de onze lits superposés.
Aujourd’hui, reposée, je prends en charge la lessive de tout le monde pendant que les enfants se détendent. Je passe aussi le sac à dos de Romane et le mien sous la douche pour éliminer l’odeur tenace d’alcool. Heureusement, avec les grosses chaleurs, tout sèche très rapidement.

Pendant ce temps, Romane s’amuse gaiement dans la piscine du jardin avec Yann, un jeune homme de 19 ans. Plus tard, il joue au ballon avec les adolescents pendant que je discute avec Véronique, sa maman. Ils sont Suisses mais vivent à Dubaï. Comme nous, ils parcourent chaque année une partie du chemin.

Le village ne dispose d’aucun commerce alimentaire, nous profitons donc du repas préparé par notre hôte.
Nous sommes neuf à table : Véronique et Yann, une Américaine de New York, une Slovène, et nous. Clément impressionne tout le monde en résolvant rapidement le cube casse-tête chinois de Yann, triant les couleurs en un rien de temps.

Plus tard, j’accompagne Romane, encore très excitée, au lit, bien avant les autres. Je lui raconte l’histoire de La chèvre de Monsieur Seguin. Elle invente une autre fin car elle la trouve trop triste et s’endort.

Nous tentons de suivre l’ouverture des Jeux Olympiques sur notre téléphone portable, faute de télévision, mais sans succès. Finalement, nous nous résignons à aller nous coucher.

Samedi 27 juillet 24 : Uterga – Cirauqui : 15,5 km

Le réveil sonne à 6h15. Romane, est récalcitrante – ce qui est bien compréhensible.
Le petit déjeuner est servi au gîte, l’aubergiste nous prend en photo sur son appareil et le nôtre. Il a été vraiment très attentionné envers nous.

Est-ce pour cette raison que nous oublions chez lui mes bâtons, les Crocs et la casquette de Louise ?!
Nous voyageons avec le minimum, le défi est aussi de ne pas semer nos affaires en route !

En passant par Puente la Reina, nous assistons à une féria animée par un lâcher de taureaux sur la place principale. Un véritable aperçu de la culture locale.
Les habitants, habillés de blanc avec des foulards rouges noués au cou, affichent une allure splendide.

En chemin, Romane « nous fait marcher ». Elle fait « la mauvaise tête », et s’arrête souvent. Pour l’encourager, je lui donne des granules homéopathiques, rebaptisées avec humour par ses frères « Motivox ». Les effets ? Pour le moins aléatoires !

Le mot le plus utilisé ? « Avance ! »
Elle fait mine de vouloir rebrousser chemin ! elle refuse souvent de nous tenir la main. Alors nous la menaçons gentiment : « Avance, sinon… on t’aide ! »
Les aires de jeux, où nous faisons escale pour la distraire, sont difficiles à quitter. La chaleur, de plus en plus accablante, nous oblige à partir tôt, mais ce rythme est exigeant pour son âge. Je culpabilise.
Axel me rappelle qu’il avait commencé au même âge et ne se comportait pas ainsi. C’est vrai.

Ce n’est pas une question de capacités physiques : Romane peut passer de l’épuisement total à courir avec son sac à dos. C’est une affaire de caractère – et du caractère, elle n’en manque pas !

Vers 11h30, nous trouvons un coin ombragé avec une fontaine et des bancs en pierre. C’est l’endroit idéal pour pique-niquer. Tortilla, pâté, fromage, yaourt : notre repas est simple et savoureux.

Une guêpe pique Louise. J’enlève le dard, applique une crème et calme ses pleurs. Une habitante nous propose de nous conduire à la piscine où des soins seraient possibles, mais c’est trop loin et nous avons l’essentiel sous la main. Les granules pour les chocs sont une fois encore précieux.

Nous repartons à travers un paysage vallonné et agricole, dominé par des champs de blé, dont certains restent à moissonner. Nous en récoltons quelques épis, en extrayons les grains pour les mâcher et tenter d’obtenir une pâte comparable à du chewing gum . Une expérience nouvelle pour Romane, qu’elle aime beaucoup.

L’arrivée à Cirauqui, un village perché, demande un effort supplémentaire. Le gîte, situé au sommet, est à la hauteur de nos attentes : confortable et accueillant. Après les douches et les lessives, les trois adolescents sombrent dans un sommeil profond. Moi aussi.

Seule Romane reste en pleine forme. Elle joue, seule ou avec d’autres pèlerins, peu importe la langue. Ouverte et sociable, elle se fait rapidement accepter et trace son propre chemin. Elle joue au Mikado avec des inconnus ou dessine sur un cahier prêté.

Le soir venu, je veille à ce qu’elle soit couchée juste après le dîner. Ses frères prédisent qu’elle ne voudra pas repartir l’année prochaine. Mais moi, je crois le contraire : les efforts s’effacent souvent au profit des souvenirs positifs, des rencontres et de l’atmosphère unique. Quoi qu’il en soit, nous respecterons son choix.

Le village n’ayant pas d’épicerie, nous savourons le repas préparé par notre hôte : une généreuse salade verte aux noix, pommes et raisins secs, suivie d’un plat de pois chiches en sauce avec des champignons. Un régal, conclu par une crème dessert.
J’ai également commandé des petits-déjeuners à emporter.

Dans la soirée, une petite pluie bienfaitrice tombe doucement.

Pendant ce temps, les trois adolescents suivent le match de handball des Jeux olympiques sur le portable de Clément.

Dimanche 28 juillet 24 : Cirauqui – Lizarra Estella : 14,4 km

Réveil à 6h. Romane refuse obstinément de se lever, malgré nos explications patientes sur l’importance d’éviter les grosses chaleurs. Clément finit par la porter et la descendre « manu militari » et discrètement, veillant à ne pas déranger le reste du dortoir. Évidemment, elle boude.

Les nuages voilant le soleil, nous profitons de la fraîcheur matinale pour marcher jusqu’à 10 heures. Sur un pont étroit, nous savourons le petit-déjeuner de notre hôte : sandwich au fromage et jambon, brique de jus de fruit, madeleine, pomme. Romane aimerait rester là.

Quand nous lui tenons la main, chacun d’un côté, elle tire tantôt en avant, tantôt en arrière. Je sens mes limites d’acceptation mises à l’épreuve. La patience, me dis-je, est comme un muscle : elle se travaille. Avec le temps, ce muscle s’est atrophié et demande à être reconstruit.

Axel m’est d’un grand secours : il marche souvent à notre niveau et discute avec sa sœur pour la motiver. Nous faisons une pause pour lui donner des granules « après gros efforts » que nous avons baptisées « Moralex »

Son attitude récalcitrante pèse parfois sur le moral des troupes, même si elle alterne entre opposition et moments de complicité : elle chante avec nous, tient la main de l’un d’entre nous, avance au même rythme… Ces instants d’embellie nous permettent de reprendre courage.

Je supporte mal ses « chichis-gnagnas », mais heureusement, les trois ados restent solidaires, de bonne humeur, et se montrent aidants. Je me surprends à penser que si Romane souhaitait revenir l’année prochaine, je lui ferais signer un contrat :

  • Je me lève dès que le réveil sonne et je me prépare seule.
  • Je marche avec entrain et dans la bonne humeur.

Nous achetons à manger à Villatuerta et pique-niquons au pied de l’église.

Ensuite, nous reprenons notre route sous un soleil de plomb pour atteindre notre destination vers 14h. La douche qui nous attend est une véritable bénédiction.

Les vêtements de Louise dégagent une odeur désagréable, ce qui nous conduit à entreprendre une grande lessive en machine pour rafraîchir tout son linge ainsi que le nôtre.

En milieu de journée, nous retrouvons Véronique et Yann. Nous échangeons avec eux avec grand plaisir. Clément, lui, est parti courir… mais dans quelle direction ? La température à l’ombre atteint 36°, et son absence prolongée de trois heures m’inquiète beaucoup. Il ne répond pas à mes appels téléphoniques. Il n’avait pas entendu.
Enfin, il revient, satisfait : il a fait l’aller-retour jusqu’à notre point de départ du matin, soit 43 km en une journée ! Incroyable, infatigable. Et c’est moi qui me sens épuisée en fin de journée, ma patience envers Romane s’en ressent.

Avec Axel, je fais les courses pour le dîner, le petit-déjeuner et le pique-nique du lendemain.

Après le repas, Véronique et Yann reviennent nous saluer une dernière fois.
Ils repartent demain en transport en commun. Nous prenons des photos pour immortaliser ces moments partagés.
Yann et les ados passent la soirée ensemble, dans une ambiance conviviale et légère.

Lundi 29 juillet 24 : Lizarra Estella – Villamayor de Monjardin : 9,4km

Réveil à 7h. Romane est pleine d’énergie ce matin, prête pour cette petite étape.

Louise peine encore à s’habituer à partager sa brosse à cheveux tous les matins. Mais ici, chaque gramme compte, alors la solidarité s’impose.

Au monastère d’Irache, nous passons devant une étonnante fontaine à vin, où les pèlerins peuvent se servir gratuitement. Ce ne sera pas pour nous, bien sûr.

Sur le chemin, nous chantons, inventons des histoires, mâchons des grains de blé. La pause petit déjeuner se fait sur une table et un banc trouvés en cours de route. Le mélange flocons d’avoine et lait, servi dans nos verres respectifs, sont très appréciés.

Axel, quand son frère va faire ses besoins dans la nature, ne manque pas de lui poser des questions détaillées : la forme, la couleur, l’odeur… Il est très axé sur le caca, cette année. C’est amusant et intriguant.

Je leur explique qu’il s’agit probablement du stade de la propreté, une phase clé du développement entre deux et trois ans, qui se rejoue à l’adolescence dans la construction de la personnalité. Ce stade est lié à des préoccupations autour de la mort et à des traits de caractères marqués par le souci de perfection, de rigueur et de maîtrise. Clément reconnaît bien là les qualités de son frère.

Un peu plus loin, une aire de jeux pour enfants capte immédiatement l’attention de Romane. Nous y faisons tous une pause joyeuse avant de reprendre la route.

La dernière portion du parcours est une montée abrupte. Romane peine et ne se prive pas de le faire savoir !

Nous arrivons vers 12h30 à l’albergue, accueillis avec chaleur par un couple très sympathique qui parle un peu français.

Après une douche, une sieste et une lessive, Romane reste proche de nos hôtes, ravie qu’ils lui aient offert des bonbons et prêté un cahier. Elle y dessine l’albergue, puis notre chambre.

Elle profite aussi de cette occasion pour utiliser la petite liste de mots espagnols qu’elle avait préparée avec Jocelyne, ma belle-sœur.

Elle leur montre fièrement son travail et apprend de nouveaux mots qu’elle ajoute à sa liste.

À la minuscule épicerie, orientée pour les pèlerins, nous achetons de quoi préparer le petit déjeuner et le pique-nique du lendemain.

Pour le dîner, nous avons opté pour le repas préparé par nos hôtes, un choix bien pratique.

Notre chambre, équipée de trois lits superposés, est agréable et bien éclairée.

La nuit, en revanche, est étouffante. Vers minuit, je finis par me lever pour prendre une douche fraîche, espérant faire baisser un peu ma température. Entre la chaleur accablante et les saucisses du dîner, je bois beaucoup cette nuit-là.

Mardi 30 juillet 24 : Villamayor de Monjardin –   Los Arcos : 12,6 km

Pour anticiper la journée caniculaire, nous nous levons à 5h45 et débutons notre marche dans la fraîcheur de la nuit. Nous faisons une pause pour déjeuner. Romane a très bien marché jusque-là.

Jessica arrive et échange un moment avec nous. Romane, ravie, lui prend la main, et nous repartons ensemble.

L’ambiance est légère : tout le groupe avance d’un bon pas, dans la bonne humeur.

Si bien que les 12 kilomètres défilent sans que nous nous en rendions compte. À 9h30, nous atteignons déjà Los Arcos !

Dans une rue, nous croisons d’autres Français avec qui nous échangeons. Ils s’apprêtent à prendre un café, et nous décidons de les accompagner. Pour notre part, ce seront des glaces. Une fois ce moment partagé, nous nous dirigeons vers notre gîte.

En chemin, une nouvelle rencontre nous retient : un autre groupe que nous suivons à nouveau au bar. Là, nous sirotons des Coca-Colas, profitant de l’atmosphère détendue. Ainsi s’écoule la matinée, en attendant l’ouverture du gîte à midi.

Une fois installés, nous savourons le repas que nous avons transporté : tomates, pâtes ou taboulé, sardines, yaourt, et quelques biscuits. Nous avons un dortoir rien que pour nous. Il faut cependant s’adapter : les douches de ce gîte ne ferment pas.

Romane trouve de quoi s’occuper. Elle passe le temps à dessiner et découper. La responsable du gîte a une petite fille de son âge, et les deux enfants jouent ensemble, notamment autour d’un conduit d’eau juste à leur taille où elles s’amusent à faire rouler des billes.

Comme souvent, Axel est le seul volontaire pour m’accompagner faire les courses. Ensemble, nous achetons tout le nécessaire pour le dîner, le petit-déjeuner, et le pique-nique du lendemain.

Mercredi 31 juillet 24 : Los Arcos-Viana : 18,5 km

Louise et Romane aiment dormir en hauteur, sur les lits superposés. Pour éviter qu’elles ne tombent, je leur conseille de positionner la tête et le corps du côté protégé par la mini barrière. Mais avec la chaleur accablante, Romane s’est glissée vers le bas, loin de son oreiller, et cette nuit, elle est tombée du lit.

Nous avons tous été réveillés par la chute, heureusement sans gravité. Je l’ai prise avec moi dans mon lit, et après quelques pleurs, elle s’est rendormie rapidement. Elle est d’accord, dorénavant pour dormir en bas.

Cet incident, qui aurait pu avoir des conséquences bien plus graves, m’a donné l’idée de plaisanter pour dédramatiser. Je lui ai dit qu’elle avait écrasé les tomates en tombant, car elle voulait faire du ketchup, qu’elle adore.

Les granules d’arnica 30 CH, idéales pour les chocs, sont encore une fois sorties de la trousse de secours.

Comme cette étape est trop longue pour Romane, nous décidons de prendre le bus toutes les deux. Les trois ados se lèvent à 6h, ravis de pouvoir avancer à leur rythme.

Avec Romane, nous quittons le gîte à 8h30, comme indiqué à l’entrée. Vers l’arrêt de bus, nous découvrons une aire de jeux avec une balançoire dont elle profite pleinement. L’attente est longue, mais heureusement, nous restons à l’ombre jusqu’à 11h30.

Le chauffeur de bus, prévenant, me prête un sac pour Romane, qui craint de vomir, et lui offre un bonbon à la menthe pour la calmer.

Je reçois des nouvelles des ados : ils sont bien arrivés et déjeunent dans un petit parc. Nous les retrouvons plus tard au gîte.

Dans l’après-midi, nous décidons d’aller à la piscine, située à environ 1 km. La chaleur est écrasante, avec 38°C à l’ombre. Clément, lui, préfère rester au gîte.
Le stade nautique est superbement aménagé : plusieurs toboggans, une cascade, des balançoires sur la pelouse… Malgré la foule venue se rafraîchir, nous passons un moment très agréable.
De retour au gîte, nous ressortons la Biafine pour apaiser quelques coups de soleil, malgré toutes nos précautions.

Le soir, Axel propose de cuisiner de larges biftecks bien tendres, pour compenser notre faible consommation de viande ces derniers jours. Ils se marient parfaitement avec des pâtes et une soupe gaspacho rafraîchissante. Axel termine tous les morceaux de viande des filles qui n’en arrivent pas à bout.

Après le repas, Romane s’endort rapidement, épuisée par cette journée bien remplie. Pendant ce temps, les ados profitent de la soirée ensemble.

Jeudi 1 août 24 : Viana – Toulouse : 500km – 4h 30

Comme convenu, Lionel, le papa de Louise, vient nous chercher. Parti de Toulouse vers deux heures du matin, il arrive à sept heures et profite d’un café avant de nous récupérer. De notre côté, nous avons pris le petit-déjeuner au gîte et sommes prêts pour le retour. Nous nous partageons la conduite.

Clément, le plus grand, accepte de s’installer sur le siège le plus en arrière, le moins confortable. Chacun se relaie pour le remplacer au fil du voyage, entre les pauses pipi et les arrêts pour faire le plein d’essence.

Quand Axel est assis à l’avant, il profite du trajet pour échanger avec Lionel sur l’aéronautique. Lionel, responsable de ce secteur au centre de formation AFPA, partage son expertise avec enthousiasme.

À notre arrivée, un excellent repas préparé par Hélios nous attend.

Louise et Lionel repartent aussitôt après. Un immense MERCI à Lionel !

Une lessive tourne rapidement pour que les enfants repartent avec du linge propre.

Le lendemain matin, ils prennent le train pour une nouvelle tranche de vacances, cette fois avec leur maman.

En réfléchissant à ce séjour, je prends conscience de la nécessité de repenser notre organisation pour répondre au mieux aux besoins de chacun. Par exemple, si nous disposions de notre propre véhicule, accompagnés d’une personne pour le conduire d’étape en étape, nous pourrions adapter les distances parcourues : Romane pourrait marcher 10 km, Louise et moi 20 km, et les garçons 30 km.

J’ai partagé cette idée avec Naïs, ma nièce et filleule, avec qui nous avons déjà eu la joie de parcourir ces chemins à sept reprises. Enthousiaste, elle a accueilli cette proposition avec un grand intérêt. Cependant, sa récente réussite à son diplôme d’ingénieur mention très bien, ainsi que ses futures responsabilités professionnelles, pourraient limiter sa disponibilité.
Nous pourrions alterner la conduite du véhicule : pendant que l’une marche et accompagne Romane en particulier, l’autre avancerait la voiture.

Cette configuration nous permettrait d’emmener quelques jouets, des jeux collectifs ou encore des cahiers de dessin pour agrémenter les pauses. De plus, les marcheurs pourraient alléger leurs sacs en y laissant ce qui n’est pas nécessaire pour la journée.

Nous pourrions également éviter un aller-retour de 1000 km entre Toulouse et l’Espagne, ce qui représente un gain significatif en temps et en énergie. Grâce à cette organisation, j’ai calculé que nous pourrions atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle en trois ans.

J’ai observé avec fierté les progrès de Louise, qui a gagné en endurance et en capacité à relever les défis physiques de la marche. Elle est devenue véritablement sportive.

Notre Clément amoureux est débordant d’énergie plus que jamais. Lui aussi s’est considérablement développé physiquement, depuis l’an dernier.

Quant à Axel, fidèle à lui-même, il continue d’être attentif, bienveillant et très impliqué, jouant un rôle clé dans la bonne cohésion de notre groupe.

J’ai beaucoup parlé de Romane, ma bichette, dans ce périple. Mon vœu, au-delà de l’épreuve, est qu’elle en garde le meilleur pour tracer son propre chemin.

D’ailleurs, à la Toussaint, quand j’ai distribué les gazettes imprimées sur papier à chacun des participants, elle m’a prise à part pour me confier : « peut-être que je reviendrai l’année prochaine, sinon, je n’aurais pas de gazette » !

Décidément les motivations sont aussi variées qu’inattendues !

Je suis très fière de vous, mes chers petits-enfants !